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Goatess – Blood & Wine

Dix ans de carrière, troisième album au compteur, et on ne peut pas dire que Goatess occupe aujourd’hui la place qui lui revient en terme de notoriété, au regard de la qualité de ses productions. Une activité scénique trop réduite, une distribution discographique basique… Difficile d’en isoler le ou les motif(s). Quoi qu’il en soit, c’est avec une certaine appétence que cette offrande est accueillie par votre serviteur. Première surprise : gros changement de line up ! Samuel Cornelsen a récupéré la basse des mains de Peter Svensson, mais surtout,  Karl Buhre est au chant à la place de l’emblématique Chritus Lindersson ! Remplacer l’un de ses membres fondateurs, et accessoirement un vocaliste qui a tenu le micro pour des groupes comme Lord Vicar, Count Raven, St Vitus, Terra Firma, pour le remplacer par un inconnu est un geste que l’on qualifiera d’audacieux ou de suicidaire ! Le quatuor suédois fait preuve de pragmatisme et fait un gros pari sur l’avenir sans doute…

Pour être honnête, au bout de 8min15 (c’est-à-dire la durée de « Goddess », titre introductif) nos doutes sont balayés, pour deux motifs a minima : d’abord, ce titre est un petit bijou, reposant sur un riff tout simplement impeccable, qui se trouve affublé ici d’un gimmick de production aussi saugrenu que visionnaire, à savoir un petit passage de clavier (comme un violon) qui donne au morceau le trait de génie qui participe à développer une sorte de moment de grâce sur toute la durée de la chanson. ce truc est susceptible de vous rester gravé dans la tête un paquet d’années… Le second facteur rassurant est le chant de Buhre. Lindersson était talentueux, efficace et emblématique… mais aussi un peu « daté » dans son style de chant. Buhre apporte une profondeur et une densité qui transcendent la musique du groupe ; sa technique est impeccablement adaptée au style Goatess, et se révèle l’un de ses points forts désormais. Doté d’un chant plus grave que son prédécesseur, Buhre amène les aspects doom du groupe dans des sonorités plus contemporaines, Lindersson les maintenant auparavant plutôt dans les influences des groupes de doom des années 80-90. Et quant aux plans plus stoner, l’autre des facettes caractéristiques du combo, sa technique les transcende de la même manière pour renforcer l’hybridation qui a toujours été le point fort de Goatess.

Niveau compos, on n’était pas trop inquiet, les albums précédents des suédois ayant déjà fait la preuve de leur talent dans ce secteur de jeu. Les neuf titres sont tous excellents, et l’on ne s’ennuie jamais, durant plus d’une heure de musique. On retiendra en particulier la puissance de « What Lies Beneath » (tour de force de Buhre, encore), les plus stoner « Dunerider » et « Stampede », les plans atmosphériques de « Jupiter Rising » (qui rappellent My Sleeping Karma), ou encore cet excellent « Blood & Wine » de 14min, dont une seconde section de stoner très heavy, en mode instrumental puissant et lancinant.

Inutile de vous faire un dessin, Blood & Wine, pour peu que vous soyez prêt à accepter ce changement dans le chant, est probablement le meilleur album de Goatess. Si vous connaissez la qualité des précédents, vous saurez appréhender la portée de cette phrase. Reste à espérer retrouver le groupe un peu plus actif sur les planches, pour transformer l’essai et trouver la place qu’il mérite dans les meilleures formations du genre.

Note de Desert-Rock
   (8.5/10)

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