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Gurt – Horrendosaurus

Londres appelle de nouveau. De ses sous-sols underground éclot une scène passionnante, conglomérat de combos à l’influence bas du riff et gras du front. Les intitulés sont sans équivoques : Steak, Diesel King, Sedulus ou Gurt, voilà qui évoque plus la soirée de carnassier que la salade de Quinoa/crevettes. Faite de consanguinité (machin joue dans Diesel King mais aussi dans Sedulus, autre groupe de truc, merch Boy pour Steak lorsqu’il ne joue pas avec Gurt. Vous suivez ? moi à peine…) et d’amour sincère pour les décibels, cette réunion de gentils malfaiteurs spécialisés dans les métaux lourd s’exporte de plus en plus, de festivals en clubs d’experts en la matière heavy. Comme autant de pépites, extraites une à une du sein d’une Albion que l’on persiste à trouver perfide, ces groupes fédèrent autour d’eux un parterre chaque jour plus touffu de connaisseurs de la chose rock. Vu de ma lorgnette, Gurt est de loin le combo le plus excitant de ce joyeux bazar à l’accent cockney. Versant dans le sludge aux inflexions mélodiques, le quatuor emprunte au rock 70´s ses gimmicks blues et sa science du riff avant de noyer le tout dans une marre de boue. Comme si Eyehategod molestait Led Zep sans ménagement sous les yeux amusés de Morbid Angel. Cet amour pour le metal grassouillet s’accorde – et c’est là leur grande réussite – avec une affection particulière pour les univers décalés, se passionnant pour les dinosaures, glorifiant non sans humour les tee-shirts à caractère spirituel, adepte de la sainte trilogie lune-loup-cascade ou faisant étal d’un humour diabolique avec le clip de “Dudes With Beard with Cats”, hommage aux chatons, véritables hérauts de l’Internet dans ses penchants les plus désuets. Après 4 démos remarquables et remarquées, le combo publie son premier opus Horrendosaurus en avril via sa  propre structure When Planets Collide et obtient immédiatement le prix de l’autoproduction la plus cool de l’année.

Dès les premières notes, le ton est donné : un fanatique religieux nous promet l’enfer tandis que Gurt égrène quelques notes du “Funeral of Queen Mary” d’Henry Purcell. Et le tout s’intitule “Gardening with Cthulhu”, combo parfait. Le quatuor garde tout du long cet esprit décalé (et des noms de chansons bidonnants) sans pour autant s’éloigner de son objectif : publier un manifeste de sludge groovy et teigneux. Ce disque est en effet en tout point remarquable : gavé raz les sillons d’une boue épaisse, aérée juste ce qu’il faut par quelques passages plus décontractés (“Sludge Puppies”, “Eve’s Droppings”, “Spiced Doom”) apportant un contraste idoine dans tout ce fatras sonore, Horrendosaurus impose ses valeurs et reprend un peu le flambeau du sludge UK qu’Iron Monkey avait laissé pourrir au fond d’une forêt.

Du premier blast au dernier coup de cymbale, le disque émerveille sans jamais lasser. Et si on tenait là l’un des albums de l’année ?

Point vinyle :
Complètement auto produit, Horrendosaurus a été pressé à 250 exemplaires, 12′ Orange Coloured. L’art work est signé Dominic Sohor (designs pour Enos, Troubled Horse, Raging Speedhorn entre autre).

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