On avait bien aimé le précédent effort de Gurt, Horrendosaurus, giclée nerveuse et enthousiasmante d’un sludge poisseux et nerveux, doublée d’un humour rafraîchissant. On a écouté plus erratiquement les quelques titres crachés par le combo via des EP, split, singles… Une discographie un peu chaotique. Sur disque, le groupe ne paraissait pas se prendre au sérieux, ça nous a plu ; d’autant plus que musicalement, les gaillards étaient solides.
On appréhende donc ce Skullossus avec bienveillance et intérêt. Les premières écoutes sont d’ailleurs plaisantes et ravivent de bons souvenirs : le groupe n’a pas trop changé. Les écoutes suivantes en revanche suscitent leur lot de circonspection… Musicalement, on est bien toujours ancré dans un environnement sludge toujours très nerveux, avec des penchants très très « core » et bien metal quand même : un chant subtil, tout en déchirement guttural option tesson de bouteille, un son de guitare affuté, une basse très saturée et une batterie qui blaste beaucoup… On pense à une sorte d’enfant batard entre Dopethrone, les Crumbsuckers, Iron Monkey et Hatebreed, en gros. Tout ça manque un peu de gras dans les sons, et d’un peu de groove et de rondeur dans les rythmiques, plus souvent sèches et saccadées ici. Le train Gurt défile sans jamais vraiment s’arrêter, enchaîne les titres comme autant de glaviots, et finit son ouvrage par un plan « instru prout-prout » (faussement) subtilement imaginé pour créer une sorte de boucle pour l’album, avec une intro qui peut s’écouter en continuité (artifice déjà entendu mille fois). Musicalement on n’est pas forcément dans la gaudriole, loin de là, avec uniquement « Existance is Pain » comme titre un peu plus léger et décalé (avec en gimmick un sample de Beavis & Butthead – un peu téléphoné, quand même…).
Et donc, malgré toute l’affection que l’on porte au groupe, notre ressenti après plusieurs écoutes est plutôt mitigé : les riffs sont trop souvent insipides, les compos parfois un peu indigentes… Passés à côté de l’essentiel, nos anglais ? L’humour emblématique du combo est toujours présent, mais uniquement à travers des titres des chansons, oscillant entre private joke et gros calembour pouet-pouet (« John Gar See ya Later », vraiment ?!…). On espère qu’ils ne se sont pas trop emmerdés en tout cas à glisser leur humour british dans les paroles, ce serait un beau gâchis, celles-ci étant globalement peu intelligibles.
Le jugement est un peu rude, car on aime bien le groupe, et il serait malhonnête de passer sous silence les qualités de ce disque, qui propose quand même quelques mandales de bonne facture, à l’image du très hardcore « Gimme the Night, any Day », ou les heavy doom « Meowing at the fridge » et « The ballad of Tom Stones and Reg Montagne (Pt. 1) », excellents (seuls titres sur lesquels le tempo est un peu ralenti… coïncidence ?). Mais est-ce que ça suffit à ressortir le disque de son étui dans deux ou trois mois, poussés par l’envie de le réécouter, tendre l’autre joue en quelque sorte ? Le temps nous le dira.
On en ressort toutefois avec la conviction que c’est sur scène que Gurt risque de faire le plus de dégâts, et dans ce contexte Skullosus fournit au combo une poignée bien fraîche de nouvelles bombes à déflagrations ; des bombes plutôt propices aux mosh pits qu’au headbanging, certes, mais qui devraient faire pas mal de dégâts…
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