Un premier EP qui date de 2010 et depuis aucun signe de vie… Ils n’étaient pas vraiment partis mais les voilà de retour… La combinaison suédo-hongro-anglaise improbable nommée HAG a balancé ce 8 janvier une brique de sludge-heavy-stoner-noise-post-metal; un premier album qui sort sur un nouveau label (DNAWOT Records) de manière dématérialisée (pour le moment seulement espérons-le) en toute discrétion. Et en jetant cette brique, ils en ont fait tomber le mur de son qu’elle supportait alors.
HAG n’écrase pas par sa production puissante mais par ses 9 morceaux. Aucun artifice pour dissimuler une quelconque baisse d’inspiration. Véritables chiens de guerres aux babines retroussées, le trio arrache les codes de la bienséance, mastique les influences, laissant en lambeaux nos pavillons laminés. Les premières résonnances de « Fear of Man » font écho aux instants les plus posés d’un jam entre Harvey Milk et les heures post-sludge de Mastodon. Aux antipodes « Kingdom O » déroule une intro brise-nuque en contraste total mais qui très vite accouche d’une structure de riffs qui se joue de l’auditeur. Un gros « what the f*** ? » aux bords des lèvres vite avalé pour se voir entraîné par les licks entêtants et les mélodies insidieuses portées pas les cordes et la voix. Si les Melvins partousaient avec High on Fire et Fatso Jeston sur fond de Sabbath sous stéroïdes vous pourriez vous faire une idée de ce que l’album vous proposent. Aussi foutraque et dérangeant que la pochette, Fear Of Man est un album à prendre en pleine gueule.
Ambiance mélancolique mêlée d’un punk glaçant désabusé d’une révolution qui se devra maintenant sonore, « Low » sonne aussi désenchanté et désenchantant que son titre. « Trauma Yauma » ne fait aucun prisonnier jusqu’à son final rouleau-compresseur psyché et son ultime touche presque malsaine « we think you talk too much, do you think you talk for everyone »… tout est dit. Le travail rythmique des trois comparses vous maintient sur le qui-vive, aucun risque de se laisser porter par une redondance, les breaks sont sulfureux. Les cassures âpres sont aussi rêches que les paumes de vos mains usées à tenter de vous désensevelir de l’amoncellement de plans qui s’effondre sur votre tronche. Oscillant entre le pavé, le brûlot et la buche, HAG ne laisse pas indifférent comme sur « Metal Detector Man », plongeant dans un même creuset tous les métaux les plus incandescents. Le groupe maîtrise ses sujets et semble jubiler à la simple idée que l’on puisse essayer de coller une étiquette à leur maelstrom de morceaux. Leur tour de force est de rendre accessible une musique exigeante par leur sens du groove, du refrain imparable et du thème prenant (« Beaten at your own game »). Du stoner-extrème.
Loin du disque de chevet, de l’écoute distraite sur fond d’apéro ou du « 20kg de gros son » sur bitume, HAG vous arrache les esgourdes pour y déverser leur vision éclectique du « eagle-metal » (dixit les protagonistes). Une musique qui vous guette, vous survole, vous arrache du sol, vous dévore et recrache les morceaux les moins bons. Si vous aussi, vous avez déjà envie de dire ce que vous pensez de 2016, commencez l’année avec HAG. Un immanquable anonyme qui mériterait sa renommée.
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