Même s’il ne fait pas beaucoup d’effort pour celà, ici on aime beaucoup Huanastone : ce quatuor suédois est plus que rare sur scène (le groupe dans toute sa carrière n’a joué live que dans 3 pays hors scandinavie : une date en Allemagne, une au Portugal et une poignée en Croatie) et ne sort son second long format que cette année, après plus de douze ans de carrière… L’ambition du groupe n’est donc pas dans ces conditions de devenir un leader mondial du genre, mais plus modestement de proposer de la bonne musique, en particulier sur disque. Ils en font une affaire personnelle et c’est même sans label qu’ils sortent ce second album, comme à la maison.
A l’image de son prédécesseur Third Stone from the Sun, ce Son of Juno propose un ensemble de chansons avec une large part de mid-tempo, ce qui n’est pas forcément la propension habituelle des groupes de stoner scandinaves. Musicalement, on baigne dans un stoner rock assumé, assez subtil, où des vapeurs grunge viennent se méler à des influences bluesy, le tout au service d’un travail mélodique tout le temps prépondérant. Et c’est bien cette subtile et réussie alchimie qui nous fait irrémédiablement revenir vers ce disque, qui ne lasse jamais.
Dans ce joli petit échantillon de sept titres, difficile d’en voir certains émerger du lot, il n’y a pas de titre faible. On y retrouve des titres plus heavy (“… And then Came the Sun”, le très catchy “Love in Black Tar” et ses ambiances psych fuzzées), et d’autres franchement plus soft (ce “Black Rain” qui s’apparente plus à une balade), ainsi que quelques ovnis et inclassables, comme ce “Gaea” gorgé à l’americana, où les sonorités steel guitar rappelleront occasionnellement certains titres de Ry Cooder. Quand au morceau titre, mélant riff fuzzé et atmosphères planantes bluesy, il est littéralement emmené par la prestation vocale impeccable de Tobias, le chanteur/guitariste apportant une valeur ajoutée décisive à chaque titre par son feeling remarquable. Pour autant, tout ne repose pas sur sa voix chaude et puissante, tel que l’illustre le final sur ce “Red Dunes” de plus de huit minutes, 100% instrumental, et où ne s’ennuie pas une seule seconde.
Huanastone nous propose à nouveau un disque qui, s’il n’est pas fondamentalement d’une originalité folle, se place dans un segment musical mélant de nombreuses influences, et les emmenant dans des sphères qualitatives remarquables, s’appuyant dans cet exercice sur une line up impeccable (instruments et chant). Ces compos suaves et malines s’immiscent dans vos têtes et ne les quittent plus pendant longtemps. Un très bon disque, encore.
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