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High On Wheels – Fuzzmovies

« Plan 9 from outer space », « L’attaque des tomates tueuses », « Dead sushi », « Sharknado »… Si ces titres de films ne vous parlent pas, c’est que vous n’êtes pas des adeptes de séries B, voire de séries Z. Ces longs-métrages, faits avec des bouts de ficelle et joués par des acteurs qui ont probablement séché les cours de théâtre, sont adorés et adulés des amateurs de cinéma underground qui s’éclatent lors de soirées entre potes (je vous conseille d’ailleurs le concept, c’est très fun). Les gars d’High On Wheels, trio parisien déjà responsable de l’album « Astronauts follow me down » en 2018 (dont la chronique du collègue Sidney est disponible dans ces colonnes), ont donc décidé de rendre un hommage à leur manière à ce genre cinématographique par le biais de leur nouvelle superproduction intitulée Fuzzmovies.

Nous sommes en février 2020. Les 3 gaillards s’enferment dans un petit studio au fin fond de la Normandie et en un week-end, l’album est enregistré (une légende urbaine tenace raconte même que les voix auraient été couchées sur bande après qu’une bouteille de Don Papa ait été entièrement sifflée…). Bref, tout est en place, tout est sur bande, ne manque plus que le nerf de la guerre : le pognon. Nos amis lancent donc un financement participatif sur une plateforme dédiée (pratique de plus en plus en vogue, votre serviteur en sait quelque chose…) afin de récolter assez d’argent pour concrétiser leur projet en physique. C’est un succès, les précommandes sont enregistrées, la fabrication de l’album est lancée et Fuzzmovies débarque donc ce vendredi sous un artwork qui rend hommage à tout un pan de la culture ciné underground.

Du coup, Fuzzmovies, ça ressemble à quoi ? A vrai dire, à pas grand-chose de connu mais dans le bon sens du terme… Accueilli par la douce voix de Tura Satana, sublime prêtresse SM toute en cuir et en nibards, l’auditeur est cueilli à froid avec Blind your mind, une ogive nucléaire dégoupillée en guise d’apéro. 8 minutes et trente secondes de plaisir heavy rock à son apogée. Pour un premier titre, High On Wheels fait très fort ! La suite est du même tonneau : on navigue dans les eaux heavy-desert-stoner avec des compositions juteuses à souhait et dégoulinantes de fuzz, le tout saupoudré d’interventions samplées dans des films comme « Rocketship X-M » (sorti en France sous le titre « 24h chez les martiens »), « Blood feast » (considéré comme le premier film gore de l’histoire), le cultissime « Hitman the cobra » qui donne son nom à une machine à headbanger qui risque d’en dénuquer quelques-uns en concert (parce que oui, ça va bien reprendre un jour, merde !) ou encore « Satan’s sadists » (excellent film de bikers) et « Cannonball » (avec David Carradine et Sylvester Stallone). Bref, un casting cinq étoiles pour un album cinq étoiles lui aussi.

Avec Fuzzmovies, High On Wheels a voulu rendre un hommage appuyé et émouvant à ce qui reste comme un genre cinématographique marginal, en dehors du système mais qui possède son lot de fans transis d’amour qui délaissent volontiers « Star Wars » pour « Toxic Avenger ». Et le parallèle est assez évident avec le courant stoner qui s’agite et survit en dehors des majors sans l’aide ni le soutien du grand public mais qui est suivi par un nombre croissant d’amateurs éclairés et de bon goût qui vident leur livret A pour acquérir la dernière édition limitée 4 couleurs gatefold de leur album préféré. Série Z / stoner, même combat : celui des marginaux, des laissés pour compte, des sans dents de la culture, des passionnés de leur art. Merci donc à High On Wheels pour avoir réussi à réunir le meilleur de deux mondes.

Note de Desert-Rock
   (7,5/10)

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