Sortie d’un peu nulle part, la galette de ce quintette ricain arrive dans notre mange disque digital par le truchement du label transalpin omniprésent depuis quelques mois, Heavy Psych Sounds. Un peu circonspects par ce groupe inconnu, on se penche sur la bio des bonhommes : non, on n’a rien raté jusqu’ici, le combo est tout jeune ! Formation en 2016, premiers concerts en 2017 et… premier album sous nos yeux !
Enfin, quand on dit « tout jeune »… on dirait en réalité l’album sorti en droite ligne des grandes heures 80s (fin des 70s), le doute est donc permis ! Le son trahit un peu la génération réelle du disque fraîchement sorti : on est sur du costaud, niveau prod, et même si on sent la volonté d’accentuer le tout à la sauce vintage (bon travail sur le mix, notamment des vocaux), globalement le son est net, puissant et sans trop de bavure.
Les titres défilent et on n’est jamais trop loin des sentiers déjà battus par le grand Sabbath Noir, clairement. Le riffing, évidemment, évoque plus qu’à son tour papa Iommi (sans jamais arriver à produire Ze riff quintessentiel non plus, malheureusement – c’est pas donné à tout le monde). On entend pas mal aussi de plans se rapprochant du jeu de Victor Griffin (à l’époque des débuts de Pentagram), notamment dans les soli, sans non plus tomber dans le trip passéiste béat. Mais il n’y a pas que les guitares, le reste est à l’avenant dans la sauce « rétro » : le mix des voix (encore), avec option « cris depuis le lointain à la Ozzy », les lignes de basse (le bassiste – et l’ingénieur du son – ont clairement beaucoup écouté Geezer, on est bien sur le même type de son rond et claquant), … tout nous conforte.
Côté compos, l’ensemble est fort agréable, soyons honnêtes : du bondissant et punchy « Chrome Hammer » au Pentagram-esque « Soul Taker », en passant par les trois Sabbath-esques « Reeper Deadly Reeper » (oui, on est pas loin du « Sabbath Bloddy Sabbath »…), « Weed & Speed » ou « High Reeper », le tout s’écoute sans bouder notre plaisir. Aucun faux pas ni titre de remplissage un peu grossier. Du bon travail d’artisan.
Pour autant… on passe rapidement à autre chose. Sans être un ersatz, High Reeper nous ressort une recette déjà très connue (et très appréciée). La démarche est donc sympathique (d’autant qu’elle semble honnête et assumée) mais donne-t-elle la bave aux lèvres pour autant ? Le groupe a beau produire quelques très bons moments de musique, il reste ancré dans ce socle référentiel qui s’apparente plus ici à une sorte de carcan. S’en dépêtrer un peu l’amènerait peut-être à développer une identité un peu plus marquée et une musique plus attachante, plus incarnée… Ce premier album est à voir donc comme une première trace d’un groupe à potentiel, peut-être, mais sans assurance sur sa capacité à exploser. Trop tôt, bien trop tôt. Attendons de voir la suite, et là on saura si Heavy Psych Sounds a fait un pari payant… ou bien a eu les yeux plus gros que le ventre. On leur souhaite qu’il s’agisse de la première option.
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