C’est toujours un plaisir de retrouver le power-trio texan, et pour tout dire, le plaisir est décuplé ici, car leur galette précédente, 421, est sortie il y a quelques années sur un label obscur, dans le plus coupable silence. Bref : on l’avait zappé, quoi. Plus de dix ans donc depuis le redoutable Balls Out Inn, sorti lui chez Small Stone. Dans l’intervalle, Bobby Landgraf, le guitariste et chanteur de Honky a récupéré le siège laissé vide par Kirk Windstein au sein de Down, rien que ça ! Un petit boost de notoriété qui ne semble pas non plus avoir transcendé le groupe… La présente galette sort chez Housecore Records (le label de Phil Anselmo…) – de là à laisser penser que le piston y est pour quelque chose, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. Au niveau du line-up, Landgraf est toujours associé à JD Pinkus (Melvins), tandis que le siège du batteur relève toujours un peu du siège éjectable… Pour l’album, c’est l’occasion d’alterner quatre différents batteurs, dont des pointures comme Dale Crover ou notre chouchou Trinidad Leal (Dixie Witch). Pas vraiment un point faible, donc.
Toujours est-il qu’on ne se fait pas prier pour bouffer la rondelle de ces graveleux texans… On appuie donc sur « play » (Quoi ? Vous pensiez à autre chose ?…) et ça commence dès la première seconde par un riff phat-issime, accouplé à une basse qui le traine encore un peu plus profond dans le gras ; le morceau-titre, par ailleurs parfaitement groovy, donne le ton d’un album qui ne nous laissera pas le loisir de nous ennuyer. Faut dire qu’avec 29 minutes pour huit chansons (et demi), la messe est vite dite. Les titres s’enchaînent donc sans traînasser, bavant leurs rythmiques plombées et chaloupées de leur insolent boogie rock typique des trio d’Austin (ZZ Top pour commencer – voir « Baby Don’t Slow Down » ou « Snortin’ Whiskey », qui ne tromperont personne). Gros gros son tout du long, prod’ roborative mais efficace, et toujours teintée « sudiste » : on aime notamment l’idée des cuivres sur « Outta Season » (couvrant le son lourd et acéré de la gratte), les chœurs très Skynyrd-esques de « Bad Stones »… tout est là pour le plaisir primal de l’auditeur.
Bref, en un mot comme en mille, ce Corduroy est l’un des meilleurs albums de Honky… comme les précédents ! Ni plus ni moins, ce qui en soit donne une bonne indication sur sa qualité. Gageons que le groupe ne sera probablement jamais un groupe référentiel, un challenger au Hall of Fame ou un sujet de discussion au sein de l’intelligentsia rock ou hard rock… Mais ses ambitions sont plus modestes, bien que fort louables : entertainment, comme disent nos amis ricains. Et ils le font bien, alors ne boudons pas notre plaisir.
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