Ah ben l’effet de surprise est passé… Il y a deux ans, le premier effort du trio san-franciscain sortait chez Riding Easy et étalait frondement sa synthèse de tous les sous-genres du stoner, contenus dans une approche expéditive, quasi punk dans son exécution. Et bien ils nous refont la même chose, sous la bannière du label Ripple désormais. Voilà. Merci, au revoir.
On ne va pas non plus broder : l’essentiel est bien là, et Hornss, avec un peu plus d’expérience cumulée, trace encore plus profondément son sillon. Ils ne sont pas les seuls à évoluer dans cette sorte de synthèse de stoner-doom-fuzzé, qui rappellera autant Saint Vitus que Kyuss, Pentagram ou Monolord, en gros (amis du grand écart, on vous salue). Sauf que le trio y associe une approche que l’on retrouvait notamment chez des groupes plus nerveux, type Discharge, Grief, voire Eyehategod et consorts… A l’écoute, on est pourtant loin des tombereaux hardcore-crasseux produits par ces dernières sommités (quoi que, le premier segment de « In Fields of Lyme », quand même…), mais on retrouve une vraie volonté d’urgence dans ce sens de la concision (3min17 pour le morceau le plus long de l’album) qui détonne franchement chez Hornss comparés à leurs homologues directs en terme de style musical. Résultat : pas de gras ! L’édifice que constitue chaque compo exploite LE riff en pierre angulaire, et une structure simpliste en termes de rythmique et d’arrangements. Rien d’affriolant à première vue, et pourtant s’ouvrent de toutes nouvelles perspectives en termes d’écoute pour l’auditeur un peu « formaté ». Aucun ennui à l’horizon, on peut enquiller la galette une bonne demi-douzaine de fois d’affilée avec un réel plaisir. Même les titres moins performants passent comme une lettre à la poste quand ils ne durent que deux minutes ! A l’inverse, les meilleurs titres sont réduits à leur substantifique moelle, et aucun risque qu’ils ne soient pervertis par le solo de trop, le break qui fâche, l’arrangement qui pollue… Voir à titre d’illustration le très classique « St Genevieve », et sa structure couplet-riff-couplet-riff-break-riff. Il en va de même pour la plupart des autres titres. Niveau son, le fuzz le dispute au gras, en gros, et on est globalement bien lotis, pour peu qu’on ne cherche pas la subtilité d’un son cristallin.
Bref, ce Telepath ne postule pas au titre de meilleur album de l’année, mais en se positionnant en parallèle des standards prépondérants dans le genre, il apporte une alternative à la production actuelle. Ça rafraîchit. A ce titre uniquement, l’album mérite que l’on y apporte une oreille intéressée. Si on y ajoute le plaisir musical tiré de cette demi-heure roborative de musique (compos efficaces, exécution impeccable), l’acquisition de ce disque prend tout son sens.
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