Huanastone ? Un tel patronyme évoque immédiatement les immenses étendues de Patagonie (là où certains exilés français cultivent toujours leur liberté de penser) mais aussi certaines substances prohibées qui vous emmènent dans l’espace pour bien moins cher qu’avec Space X. Pourtant, quand on se penche un peu plus sur la bio du groupe, on s’aperçoit que nos 4 amis sont plutôt originaires du pays de Zlatan et des meubles en kit… Car oui, Huanastone est un groupe suédois, ce qui est synonyme depuis plusieurs années maintenant de classic rock délicieux et de sonorités seventies irrésistibles. Pour l’amateur que je suis de cette décennie bénie des dieux, il ne me restait plus qu’à me jeter goulûment sur cette galette en espérant retrouver des potes de chambrée de Graveyard, Horisont ou encore Gaupa.
Huanastone existe depuis 2012 mais il faut attendre 2016 et la sortie d’un premier EP pour découvrir le groupe qui verra le chanteur d’origine déserter sa troupe pour être remplacé par Tobias Gonzalez, le seul des 4 à ne pas avoir un nom à consonance nordique… Une première tournée s’organise en… Croatie (?!), recevant un accueil chaleureux et de bonnes remontées de la presse. Depuis ses débuts, le groupe s’emploie à produire une musique « honnête », c’est-à-dire un rock « roots », sans fard ni overdubs. La musique doit être ressentie, vécue et elle doit imprégnée le public et l’auditeur. 2017 voit la sortie du premier LP Second stone, une galette qui suinte le rock psychédélique vintage, le stoner dans sa plus pure expression, le tout saupoudrée de quelques touches grunge. Bref, de quoi contenter tout le monde. Et çà tombe bien, tout le monde sera content et acclamera le groupe, tout comme Argonauta records qui va s’empresser de signer la nouvelle pépite venue du froid.
Juin 2020 : le monde sort peu à peu de sa torpeur due au confinement, on remet le nez dehors et on retrouve la joie d’écouter des nouveautés. Arrive alors Third stone from the sun, la suite logique de Second stone, du moins pour le titre. Sous une pochette qui nécessite des lunettes 3D se cache un trésor : car oui, Huanastone frappe fort, très fort même, et ce dès ce « Viva los muertos » qui mérite d’emblée le titre de classique de l’année 2020. Pas follement original (on a cent fois entendu un tel riff et un tel déluge de décibels) mais terriblement efficace. Et pour ne rien gâcher, la voix angélique de Tobias Gonzalez est parfaite. C’est donc la bave aux lèvres et avec un sourire que n’aurait pas renié le Joker qu’on continue l’exploration de cet opus avec « Bad blood », introduit par un riff d’une précision chirurgicale. Arrive alors le titre « Oliver », découpé en 2 parties (une douce intro de 90 secondes suivie d’une partie plus musclée) avant la petite merveille de cet opus, « Third stone from the sun », une ballade mid-tempo qui contient assez de blues dans ses veines pour poser un sourire sur B.B. King de là où il est.
Allez, on s’attaque à la face B avec « Carnivore » qui, cette fois, fera se dandiner Johnny Winter dans sa tombe. « She’s always » continue dans cette veine avec, toujours, cette voix éthérée et ce jeu de guitare prodigieux de finesse, de justesse et de feeling. On joue dans la cour des grands, là, pas de doute… Il ne reste plus qu’à laisser filer le saphir sur le sillon pour découvrir « Neverending » (avec, encore une fois, cette douceur mordante dans la composition) et terminer sur les chapeaux de roue avec le bien nommé « La petite mort » et son intro tétanisante et sa tellurique guitare. Non, vraiment, quel pied cet album !
On ne va pas tourner autour du pot : si vous aimez les guitares, le rock, la musique et la vie en général, jetez-vous sur Huanastone ! Avec un tel potentiel et un tel talent de composition et d’exécution, il y a fort à parier qu’on entendra parler d’eux dans le futur comme les enfants légitimes de Graveyard. En tout cas, moi, je le pense sincèrement car ils le méritent grandement. Un fort bel album.
Third Stone from the Sun by Huanastone
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