I Am Low est un jeune trio suédois dont les productions jusqu’ici (3 albums, des EPs…) n’ont pas vraiment bénéficié d’un fort écho. Par le truchement d’une signature chez les modestes mais pertinents Majestic Mountain, leur nouvel album est parvenu à nos oreilles, et on s’en félicite !
Tous les disques n’ont pas « d’effet cliquet », ce moment charnière qui nous fait dire « tiens, ce disque-là semble avoir quelque chose de spécial » : sur Úma, il ne faut pas le chercher très loin, il se présente sur exactement la durée de la première minute du disque, cette intro de « Gunman » où un riff basique impeccablement enrubanné d’une fuzz délicieuse vient se lover dans une rythmique groovy en diable sur une poignée de mesures pour lancer le titre. On est dedans. Le reste du disque ensuite est une démonstration de songwriting, pure et simple. Chaque titre développe sa propre identité, taillée à la serpe, pour un disque dense, homogène, mais proposant assez de diversité pour ne jamais s’ennuyer. On picore ici ou là, on y trouve des torgnoles stoner énervées (ce « Ruins » de moins de deux minutes, « Pigs »), des mid-tempo plus ou moins psyche et plus ou moins lents (« Dead Space », l’hypnotique et lancinant «Úma » ou encore « Void », leur « Planet Caravan » à eux), et même des passages d’influence plus grunge (« Wake ») – sachant que la frontière entre stoner et grunge n’est pas forcément imperméable par bien des aspects. Le tout se termine par l’audacieux « Release », belle pièce groovy de jam rock hypnotique aux soupçons kraut et space rock, parfaitement maîtrisée et addictive.
Le petit « facteur X » c’est cette finesse dans l’écriture, cet art savamment distillé du petit lick de guitare catchy, du refrain entêtant, du petit arrangement qui va faire basculer un morceau vers quelque chose de plus intéressant. Le disque en est plein, et chaque écoute en revêt une saveur différente.
Avec le recul, gros bourrins que l’on est (certain(e)s d’entre nous en tout cas), on aurait aimé une plus grande proportion de titres « nerveux », Úma embarquant au final une large portion de titres lents ou mid-tempo. Il faut dire que les gars s’y entendent pour proposer de superbes riffs, et on en voudrait toujours plus ! Reste que c’est aussi un signe d’audace, à saluer. Et ce constat un peu modéré n’obère en rien l’impression de maturité qui se dégage de ce disque, et l’espoir qui en ressort de tenir ici un groupe qui pourrait nous réserver d’excellentes surprises à l’avenir (et a minima une volée d’excellents albums), il en a le potentiel.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)