Tel un secret bien gardé, Indigo Raven émerge de… Toulouse, d’où ils ont peaufiné leur style depuis un peu plus de deux ans, sous forme de duo : Julie au chant et Benoît à la “musique” (multi-instrumentiste présumé, donc…). Et c’est à peu près tout ce que l’on sait, autant vous dire qu’on ne croule pas sous les infos avec ce groupe ! On notera quand même qu’ils ont décidé de s’adjoindre les services d’un bassiste récemment (ne manque plus qu’un batteur et les perspectives de live se feront plus réalistes). Nos toulousains sortent ce premier LP (qui succède à un discret EP sorti l’an dernier) chez Argonauta (jamais loin d’un bon coup), un label… italien ! Un jour il faudra quand même se poser les bonnes questions, non ?…
Mais trêve de considérations hors sujet, la curiosité nous amène bien vite à s’enfiler cette galette, qui s’avère particulièrement captivante. Le doom très assumé par le duo trouve plutôt ses racines dans la vague doom européenne des années 90 que dans les groupes des années 70-80. Plutôt partisans d’une mise en son très travaillée et de compos roboratives, Indigo Raven ratisse pourtant fort large et s’inscrit dans son temps, n’hésitant pas à enrichir sa musique de plans proches du post-rock, ou même de séquences limite shoegaze/drone, mais avec toujours cette composante doom à grands coups de riffs massue et de rythmiques pachydermiques. Ce grand écart se retrouve parfaitement incarné dans le titre introductif “Our Sacred Soil”, tout en lourdeur et grandiloquence, ou ce tortueux et lent “Nightshade Winds”, vicieux et poisseux en diable.
Le signe distinctif majeur du groupe est inéluctablement le chant de Julie. Loin de se cantonner à un apport simplement cosmétique voire – pire – symbolique, les vocaux de Julie sont directement dimensionnant dans la musique du groupe : sa voix puissante et profonde vient apporter une vraie densité (voire même théâtralité) au doom du combo, tandis que ses percées plus légères et aériennes élèvent à la perfection les passages d’accalmie et les plages de respiration du disque (parfaitement opportunes pour contrebalancer l’aspect oppressant de certains compos). Sans parler des passages incantatoires shamaniques, qui, alliés à des plans de batterie quasi-tribale, finissent de peaufiner l’identité musicale du groupe…
Au rayon des déceptions, on regrettera tout de même la trop faible durée de ce disque : 37 minutes environ pour six chansons (dont une quasi a capella par Julie), aussi riches soient-elles, apparaît vite un peu frustrant (note : la version CD propose en complément une assez intéressante cover de Mazzy Star, transformée en bluette aux accents doom rappelant presque les regrettés Type O Negative sur la fin). Pour le reste, ce Looking for Transcendence présente des atours plutôt séduisants pour tout amateur d’un doom un peu classieux, lourd mais aussi subtil et finement travaillé. C’est aussi cela qui le rendra moins digeste pour les “trve”, les amateurs d’un doom plus monolithique et “encadré”. Indigo Raven en propose une vision plus ouverte, hybride, mais respectueuse du genre. On espère à ce titre que Looking for Transcendence représente les premiers pas d’un groupe amené à devenir plus actif, sur disque et sur scène.
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