Bien moins prolifique qu’à ses débuts mais toujours bien présent pour soutenir la scène stoner-psych-doom italienne (la plupart des labels italiens se concentrent sur des groupes non-italiens…), Go Down Records a le charme naïf de ses intentions : derrière leur très louable crédo, on a eu coutume de trouver dans ses écuries des groupes de qualité hétérogène, parfois un peu “survendus” (c’est de bonne guerre). C’est donc toujours avec un petit intérêt pour la découverte mais aussi une oreille suspicieuse que l’on se lance dans l’écoute de leurs nouveautés. C’est aujourd’hui au trio véronais Jahbulong, avec son second album, de passer l’épreuve de l’infaillible “bullshit detector” de Desert-Rock… et ils en sortent blanchis de tous soupçons !
En effet, Jahbulong est un bon groupe de doom, classique – de cette tendance qui, s’il prend (heavydemment) ses racines dans le noir terreau Sabbathien, se situe dans l’héritage des groupes les plus emblématiques actifs sur ce siècle (entre Electric Wizard et Monolord, en gros). Quatre chansons seulement (entre 9 et 15 minutes) constituent cette sympathique galette, chacune charpentée autour d’une rythmique de plus en plus lente au fil des titres (faut entendre “The Eremite Tired Out” étirer son maître riff sur des mesures rallongées à l’envie, à peine saccadées par des coups de cymbales bien derrière le temps… On a presque envie de les prendre par les épaules pour les secouer !).
Fondamentalement, les éléments clés du doom sont au rendez-vous : riffs gras du bide, son de guitare bien glaireux et généreusement fuzzé, embardées de leads en mode “état de grâce” à la Electric Wizard, chant rare mais toujours noyé sous une tonne d’effets… Tout y est. Une bonne part du disque met en avant un travail mélodique prépondérant, plus prégnant que l’agressivité des guitares (qui reste au rendez-vous, rassurez-vous), rendant l’ensemble plus “accessible” que pas mal d’autres productions de genre similaire.
L’originalité stylistique ne sera donc pas le fondement premier du plaisir d’écoute ; le respect des codes, en revanche, et globalement la qualité des compos fera plus d’un heureux parmi les amateurs du genre. Un bon disque de doom qui trouvera légitimement sa place dans une collection un peu qualitative du genre.
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