Sur leur fiche Facebook on retrouve cette inscription : « Nothing to do with the actor. At all. », ce qui sonne à nos oreilles de français comme le « Aucun lien, fils unique » du Serge Karamasov de la Cité de la peur. Car la vérité est aussi bête que simple : Jeremy Irons & The Ratgang Malibus a commencé comme une activité récréative, comme souvent, avant de se faire dépasser par les événements. Bloom en 2011 rendait un hommage sublime aux 70’s, avec un son retro psychédélique délicieux puis Spirit Knife trois ans plus tard, signé sur Small Stone Records, apportait une dimension fuzz supplémentaire, faisant du groupe une pépite que les plus avertis écoutent sans relâche. Un label et un son qui lui permettait d’entrer dans le club stoner, lui ouvrant ainsi les portes des festivals et tournées au sein de cet actif microcosme. Reste que leur nom, certes fun mais long et trompeur (le groupe raconte qu’à leurs débuts un promoteur suédois avait placardé des affiches de l’acteur dans la ville, l’annonçant en concert avec son « Ratgang ») sonnait souvent comme un handicap ; alors, au moment de publier son troisième album, le second chez Small Stone, les suédois optent pour les initiales.
JIRM continue donc à creuser (« Dig ») le sillon stoner et Surge Ex Monumentis se positionne dans la droite lignée de son prédécesseur. Heavy rock suédois par le son (une filiation évidente avec Horisont ou Hällas), psychédélique de nature, la musique de JIRM joue sur les ruptures de ton, sur des vocaux cosmiques et parfois, pris en flagrant délit d’excès de zèle, se rapproche d’un générique de dessin animé (« The Cultist »). Mais malgré ces quelques sorties de piste (« Isle Of Solitude » ou l’intro gênante de « Nature Of The Damned »), l’inexpugnable arrogance de leur talent nous asperge. Hélas, trois fois Hällas, le tout manque parfois un peu de cette autenticité qui faisait le sel des productions précédentes. Une probable envie de coller à la mode nouvelle d’un revival quelconque dont Docteur Jeremy avait réussi à se prémunir, Mister JIRM, lui par contre, tombe dans de nombreux écueils et se vautre parfois trop dans le facile à écouter. Un peu à l’image de sa pochette, Surge Ex Monumentis n’évite pas le piège du cliché, en fait trop parfois mais propose tout de même un son et une qualité de composition franchement au dessus de la masse. Est-ce suffisant de nos jours ? Non. Mais si cela vous permet de (re)découvrir leurs travaux précédents, mon rôle ici prendra tout son sens.
Point vinyle :
Un seul pressage pour ce double album, classique Small Stone, combinant moyens limités et désinvolture totale quant à la promotion et la vente des groupes que le label produit, 500 exemplaires avec un LP rouge et l’autre jaune (enfin “2 shades of Orange” qu’il disent, je dois être dyslexique). Le site de Small Stone n’étant pas d’une fiabilité à toute épreuve (et les frais de ports depuis les USA étant prohibitifs), je vous conseille pour ce disque de passer par Bilocation Records, le dealer allemand que tout fan de stoner se doit de connaître.
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