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Karma To Burn – Appalachian Incantation

Après le split de Karma To Burn au début des années 2000, on s’était fait une raison : KTB resterait un groupe culte qui aura sorti 3 somptueuses galettes, que l’on s’écoutera à l’envi pendant probablement des décennies encore, avec une petite boule dans la gorge. Puis à notre grande surprise, il y a moins de deux ans de cela, les premières rumeurs de reformation apparaissent, vite concrétisées par quelques concerts brûlants et… une entrée en studio, pour accoucher de la présente galette.

Avec une légère appréhension (et si on pouvait être déçu, après tout ce temps ?…), on enfonce le disque dans la platine, pour se manger en apéritif “44”, un titre bien construit, sur un riff roboratif, assez rapide. Un bon morceau, qui nous met dans le bain très vite : KTB revient comme s’il ne s’était jamais arrêté. Et dès le second titre, “42” la messe est dite : un nouveau riff quintessenciel, qui monte en puissance à partir de l’intro, pour construire couplet, refrain, breaks, etc… La frappe de Rob Oswald est sèche, pointue, nette ; rien ne déborde, tout est propre et maîtrisé. “45”, qui suit, commence comme un titre doom pachydermique et aérien, pour prendre son envol au bout de 3 minutes environ, vers un up-tempo fiévreux, porté par une rythmique au galop, avec la basse ronflante de Mullins, dans les volées de cymbales de Oswald. Déjà éreintés, “46” déboule à 100 à l’heure : un titre direct pied au plancher, straight rock’n’roll, mais redoutablement bien construit (probablement le secret de fabrique du trio).

La surprise intervient avec les premières minutes de “Waiting On The Western World”, qui voient Daniel Davies (le compère de Rich Mullins dans Year Long Disaster”) poser des vocaux sur ce titre mid-tempo, qu’il décore aussi de soli de guitares tout à fait appropriés. Un titre efficace, mais quelque peu atypique quand même sur cette galette. Le pli est toutefois bien vite repris avec “43” qui commence comme un titre assez traditionnel de K2B, mais comme toujours rempli de passages atypiques parfaitement adaptés (ce break de basse sur la fin…). Idem pour “41” et sa rupture à mi-morceau. L’album se termine avec “24”, un morceau qui commence plutôt lentement pour se finir sur une cavalcade de gratte rythmique typique du combo.

Huit titres plus tard, on est donc rassurés : Karma To Burn a accouché d’un album dans la droite lignée de leurs prédécesseurs, qui plus est dans la vraie logique de leur évolution jusqu’ici : des morceaux plus directs, pas forcément plus faciles ni moins élaborés, mais construits de sorte qu’ils paraissent simples et efficaces. A ce titre, Karma To Burn est unique en son genre. Aucun groupe, dans cet exercice ne leur arrivent à la cheville. Certains auraient préféré un album plus “mystique”, distant et compliqué, à la hauteur d’un groupe culte, mais “Appalachian Incantation” est juste un putain de disque de stoner rock instrumental, et probablement l’un des meilleurs du genre (l’un des 3 meilleurs, assurément…). Un nouvel album de référence, dans un genre qui en compte déjà quelques uns ; en tous les cas une pièce majeure apportée à l’édifice du stoner contemporain. Karma To Burn reprend sa place méritée dans le peloton de tête du genre.

COMPLEMENT : A noter qu’une édition limitée de l’album est distribuée par le label du groupe lors de sa mise en vente, accompagnée d’un second disque bonus, qui vaut son pesant de cacahuètes ! Celui-ci commence très fort avec “Two Times”, une autre version de “(Waltz of the) Playboy Pallbearers” issu de leur première galette, sur laquelle ni plus ni moins que… John Garcia pose sa voix ! Une version superbe, datant de plus de 10 ans maintenant, à l’époque où le chanteur avait fait des essais avec le trio ! Superbe résultat ici en tout cas, avec la voix écorchée vive du Garcia “de l’époque”, qui s’imbrique discrètement derrière des instruments résolument au premier plan en terme de mixage : cette production atypique laisse imaginer ce qu’aurait pu donner une autre incarnation du groupe… une autre histoire ! Passé cet instant magique, le groupe nous livre une poignée de titres issus toujours de leur premier album, qui avait été écrit en instrumental, mais sur lequel leur label Roadrunner leur avait demandé de rajouter des vocaux. K2B retrouve ici l’opportunité de nous livrer des versions uniquement instrumentales, “d’origine”, de certains de ces titres, qui prennent une dimension toute autre. Les compositions, la production, les structures complexes, les arrangements, tout s’étale sous nos oreilles comme une vraie découverte, alors que cet album est pourtant déjà passé des centaines de fois dans nos enceintes ! “Patty Hearst’s Closet Mantra” (ici appelée “14”), “Bobbi, Bobbi, Bobbi – I’m not God” (“10”), et une version plus longue et plus péchue de “13” (et de “6”) s’ensuivent donc. Pour finir, le groupe propose deux nouvelles versions de deux de leurs titres phares, “20” et “30” (issues de “Wild, wonderful purgatory”), réenregistrées il y a quelques mois. Pour l’anecdote, le groupe voulait refaire ces enregistrements depuis plusieurs années, n’appréciant pas leur mix sur l’album originel (notamment à cause du fait que Will Mecum se soit cassé le pied juste avant l’enregistrement et n’avait pu assister au mixage !). Bref, les 7 titres de ce disque bonus sont un pur régal, et vous vous devez de traquer cette édition limitée à sa sortie !

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