Après plusieurs années d’inactivité qui ont laissé des traces dans les esprits, Karma To Burn semble avoir repris un rythme de croisière pour le moins intensif ! Le groupe, fort d’une motivation renouvelée et d’un succès croissant, bat le fer tant qu’il est chaud, c’est peu de le dire : le trio enchaîne tournées incessantes (dont l’Europe et la France ne font pas partie des oubliés loin s’en faut !) et albums à quelques mois d’intervalles. Si bien qu’à peine plus d’un an après le très bon « Appalachian Incantation », déboule sur nos platines leur nouvelle production, sobrement intitulée « V » dotée d’une superbe pochette, signalons-le.
Pas de chamboulement, « 47 » donne immédiatement le ton : riff plombé 100% KTB, grosse chape rythmique et guitares ciselées, le tout servi par la frappe de mule épileptique de Rob Oswald. Le terrain est connu et apprécié. Un très bon titre, empreint d’influences riches (ce riff a des relents de musique orientale bluffants). Idem pour « 50 » qui enchaîne, guitares extra-grasses en bonus, mais toujours ce talent de composition de riffs impeccables. L’intro de « 48 » surprend et inquiète, mais sitôt le morceau monté en puissance, le titre révèle une structure audacieuse, clairement composée de deux volets en alternance : le couplet, et le refrain, dont la rythmique typique brille par son efficacité. Encore du bon KTB et… toujours pas de parole ?! Mais que se passe-t-il ? Finalement, la volonté annoncée du groupe de transformer KTB en quatuor avec chant s’est désintégrée, et la formule magique n’a pas été chamboulée. En effet, quelques jours seulement avant l’enregistrement, le trio a simplement changé d’avis, préférant se concentrer sur des projets distincts, et garder à KTB sa formule gagnante.
Le chant n’est pourtant pas absent, et le premier titre portant les lignes vocales (et la gratte lead) de Daniel Davies pointe son nez sous la forme de « The Cynics ». Après des dizaines d’écoutes, ce titre est à mon avis le plus faible de l’album, un mid tempo qui traîne un peu trop derrière une rythmique moyenne. Back to business avec deux derniers « classiques » (entendez : titres instrumentaux numérotés typiques) : « 49 » et « 51 », très bons eux aussi. Retour à un titre chanté pour l’étrangement nommé « Jimmy D » : derrière une intro trompeuse, se trouve ce qui est probablement l’un des riffs les plus remarquables composés par le duo de bretteurs Mecum / Davies. Le couplet est à ce titre un bijou rythmique, vicieux et acéré, et le solo final, bien amené, apporte un rebond bienvenu et un nouveau souffle à ce titre en tout point somptueux. Pour clore cet album court mais puissant, le groupe a ré-enregistré sa reprise du « Never Say Die » de Sabbath (déjà reprise il y a 2 ans pour une compil du magazine anglais Metal Hammer), un titre peu connu (qu’ils jouaient régulièrement en live) mais dont l’efficacité est immédiate. Ce dernier doublé termine l’album sur une note 100% jouissive.
On ressort clairement de l’expérience de ce disque avec le sourire, contents et confiants dans l’avenir du trio : le groupe n’est clairement pas en mal d’inspiration pour composer encore une volée de disques bien charpentés, et leur envie d’en découdre est intacte (en atteste la nouvelle tournée européenne en cours). Un groupe sain, dynamique, talentueux, qui tire le genre vers le haut. En revanche, j’entends déjà les esprits chagrins se plaindrent de ne pas trouver de prise de risque brutale sur ce disque, pas de changement de genre radical. Il va falloir s’y faire, je pense : Karma To Burn a probablement mis le dernier clou à son cercueil de « groupe culte », pour devenir l’un des groupes de stoner les plus vivants et excitants du moment. En attendre autre chose serait stérile.
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