Véritable stakhanoviste du stoner, Gabriele Fiori est non seulement à la tête des excellents Black Rainbows (nouvel album dans les prochaines semaines, tournée européenne dans les tuyaux…), mais aussi du label Heavy Psych Sounds (723 sorties mensuelles environ…), d’une structure de booking concerts en développement… Du coup, comme il s’ennuyait un peu, le bonhomme relance son projet parallèle Killer Boogie, un trio de boogie rock 70’s fuzzé dont la philosophie semble se borner à recracher sans complexe leurs influs acid rock.
Le programme inquiète autant qu’il est appétissant. Inquiétude, car la vague de retro rock émergeante depuis le début de notre décennie environ est plus forte que jamais ces derniers mois : pic de production conjoncturel ? Hasard ? Dynamique de croissance avérée ? Quoi qu’il en soit, on est noyé de disques estampillés 70’s, voire 60’s. La sélection naturelle va opérer, froide et cinglante, et seuls les meilleurs s’en sortiront. Mais ce nouveau disque de Killer Boogie nous intéresse quand même, car l’on connaît l’intégrité de la démarche de Fiori, et sa réelle et sincère affection pour le genre musical. Par ailleurs, on ne peut qu’accueillir les bras ouvert une formation qui invoque aussi bien Cream que les Stooges, Blue Cheer ou le MC5 dans sa bio !
La promesse est là, notre circonspection en embuscade, on enfourne donc la galette virtuelle dans notre mange disque dématérialisé. Pas de surprise : tout ce qui était attendu est là et bien là, par le menu. La promesse est tenue. Assauts de guitare juste saturée, fuzz insolente, caisse claire nerveuse, subtil écho sur les vocaux et nappes space rock de bon aloi : la recette est simple, et parfaitement exécutée. Et en y ajoutant quelques jouissifs soli parfaitement intemporels, on y est, en plein dedans.
Le cahier des charges étant parfaitement rempli, c’est dans les compos qu’on va faire la différence avec la meute de collègues et « concurrents » susmentionnés qui se tirent la bourre sur le créneau saturé de ce revival qui porte bien son nom. Là aussi, on est biens : plans acid rock planants et riffs bien ciselés se tirent la bourre comme on pouvait l’espérer. Au bout de quelques écoutes les titres les plus catchy émergent et rentrent bien en tête : le boogie « Am I Daemon », le groovy et entêtant « Dino-Sour », le plus heavy « The Black Widow » ou le stoogien « Escape from Reality » montreront un peu l’étendue stylistique du groupe.
Alors, acquisition ou pas ? Quitte à paraître lourd et répétitif, dans le torrent de production actuel, on ne captera que ceux qui sortent la tête de l’eau. C’est plutôt le cas de Killer Boogie. Honnête, bien exécuté, le trio a pour lui une tonalité fun et nerveuse en directe émergence de ses influences les plus punchy (MC5 en tête) qui le distingue un peu des ersatz Zeppelinesques qui se bousculent au portillon. La prod bien vintage et l’absence de prétention du trio en font un disque fort plaisant à faire tourner sur sa platine. En revanche, la promesse d’une bonne rasade de fun en live est encore plus séduisante, et on espère que le groupe développe son activité scénique dans les prochains mois…
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