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Leather Lung – Graveside Grin

Avec des origines Punk Hardcore et une carrière débutée en 2014 sous les auspices du gras et de la weed, une poignée de galettes d’un sludge de bon aloi, cinq zicos qui tiennent le pavé et la bénédiction de Magnetic Eye Records, voilà de quoi dessiner les contours de Leather Lung, un groupe qu’on pourrait croire venu d’Alabama ou de Louisiane mais qui officie en fait sur la côte est des États-Unis, dans le Massachusetts. Il y a donc eu pas mal de curiosité à la barre de la découverte de ce dernier opus, Graveside Grin.
Il ne faut pas plus de quelques mesures pour se faire une idée d’où on a foutu les pieds. Dèja la pochette à gros nibards et giclée de bière laiteuse sonnait comme un avertissement. Ça tabasse d’office, un pied dans le bayou, un autre dans le sable du désert. “Spit In The Casket” dit tout du chant dans un simple mot, “Bitch” craché à la gueule de l’auditeur entre deux harmonies des gratteux qui la jouent tout en agressivité et mélodie soutenues par une batterie enveloppante.
Que ce soit “Big Bad Bodega Cat” ou “Empty Bottle Boogie”, la sautillance des morceaux donne envie d’une part de laisser la musique emporter son corps puis de casser des briques avec sa tête. Tout le long de l’album, le chant reste l’élément majeur des compos avec un style sludge mais presque toujours sans excès, ce qui ravira autant les amateurs du genre que les plus rétifs de ce style glaireux. Les esprits les plus chagrins n’auront qu’à faire abstraction et attendre la mélodieuse introduction au chant de “Twesting Flowers”. Cependant, quel que soit son goût, l’auditeur aura tout intérêt à se concentrer sur des cordes qui ont su synthétiser différents horizons du metal, comme lorsque le gras d’un growl d’outre-tombe de “Guilty Pleasure” cède le pas à des grattes qui virent hardcore. Un autre bref aperçu de la large culture du groupe se fait jour sur “Macrosdose (Interlude)” qui donne à entendre d’autres étendues que celles de nos habituels terrains de jeu, y compris lorsque la piste suivante “La La Land” fait glisser quelques riffs subtils et presque orientalisant. On ne s’ennuie pas avec cette belle plaque qui pourrait faire croire au distrait qu’il s’agit d’un album un peu simplet de plus dont le seul intérêt serait d’être un défouloir. Il n’en est rien, Graveside Grin s’écoute et se réécoute, il y a de bonnes idées à la pelle et elles ne sont pas toujours si évidentes que cela.
Alors que certains pontes du genre sludge déclinent gentiment dans les brumes parfumées de leurs cigarettes à rigoler, Leather Lung délivre avec Graveside Grin un album jouissif, un album de métal, un album auquel il est bon de s’abandonner totalement. Bas du front, on fonce, pour ce qui est de l’intelligence, la musique s’en chargera.

Note de Desert-Rock
   (8/10)

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