Passé en périphérie de notre radar, Liquid Earth est un groupe Viennois qui bien qu’ayant sept ans d’existence n’en est en 2022 qu’à sa deuxième galette, Teufelskreis est le nom de cette dernière. Traduisez par Cercle Vicieux. Est-ce donc là une annonce pour indiquer à l’auditeur que ce trio instrumental signe avec cette production un contrat pour une reconduction de l’effort chez Electric Fire Records dans un avenir proche ?
Polyvalence et voyage sont deux termes qui pourraient résumer la plaque car il s’en passe des choses y compris sur les sept minutes et quelques que durent “Katerfrühstück” et “Vollrausch”. On navigue entre My sleeping Karma et Karma to Burn et le groupe ne crache pas sur les joyeuses cavalcades guitaristiques.
Le Karma du trio se déroule entre un emballement de puissance et le repos de notes flottant dans l’éther. Il faut comprendre par-là que la structure des pistes (qui ne sont qu’au nombre de cinq et toujours écrites selon un même mantra) fait alterner la jovialité de notes fleurant le kraut pour, dès que l’occasion se présente, mieux décoller vers un univers de saturation et de lourdeur. On trouve dans “Filmriss” ou “Katerfrühstück” l’identité du psychédélisme allemand de ces 15-20 dernières années. Puis sans prévenir “Brettwoman” vient glisser dans ce monde paisible un déchainement d’agressivité que l’on pourrait considérer comme salutaire, quatorze minutes au cours desquelles on n’est aucunement pris d’ennui et où l’on se laisse porter de variation en variation.
C’est dans ce dernier créneau qu’on trouvera la finesse de Liquid Earth, dans cette capacité à faire varier le propos au sein d’une même piste sans pour autant désarçonner l’auditeur ou lui laisser à minima une sensation d’artificialité. Cette sensation ne pointe même pas le bout de son nez lorsque “Katerfrühstück” (Encore elle !) et “Rosenofen” se répondent au travers de leurs thèmes orientalisants.
Liquid Earth n’a sans doute pas les armes des plus anciens mais en possède déjà bon nombre de qualités. Une écriture réfléchie, une agrégation maline de savoir-faire et une parfaite exécution du tout. Bien sûr on pourrait lui faire le reproche avec Teufelskreis de ne pas défendre autre chose que ce que d’autres ont déjà dit ou déplorer que cela ne soit pas là une plaque que l’on poussera sur la platine jusqu’à l’usure, mais faisons-nous l’économie de ces remontrances et admettons qu’il s’agit d’une belle œuvre que l’on espère effectivement être reconduite rapidement au travers d’une nouvelle pièce qui en appellera d’autres comme un plaisant cercle vicieux.
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