Lo-Pan nous revient avec “Salvador”, son premier album composé sous la bannière Small Stone. La recette de ce groupe atypique n’a pas changé depuis “Sasquanaut”, son précédent opus (que son nouveau label avait réédité, remixé, fignolé,… pour fêter son arrivée dans son roster) : du gros hard rock moderne, vif, acéré, parfois gras, sablonneux… Toujours très largement porté par les vocaux rageurs de Jeff Martin, qui marquent l’identité musicale du groupe, Lo-Pan trace son chemin comme un tronçonneuse bouillante dans une motte de beurre : sans se dégonfler, franc du collier, le quartette américain aligne les titres sans regarder autour de soi. Remarquable de régularité et de force. Tandis que bon nombre de leurs collègues de labels affichent avec plus ou moins de transparence des influences savamment teintées 70’s, voire 80’s, Lo-Pan est un groupe bien ancré dans ce siècle : son socle d’influences est largement construit sur le metal des années 2000, auquel se greffe une couche bien sentie de sonorités stoner (la gratte subtilement fuzzée de “Bleeding out”, le rapide “Intro” ou encore “Solo”). Particulièrement à l’aise sur les tempos assez enlevés, la musique du groupe est insidieuse, vicieuse, mais jamais “fun” ou lègère… Lo-Pan est un peu au stoner ce que le thrash est au heavy metal : un genre plus sérieux, plus noir, plus méchant. Le bat blesse légèrement après de multiples écoutes : ce “Salvador” massif, homogène, tendu, peut s’avérer au bout du compte un peu roboratif. La faute en incombe au genre lui-même, peu enclin à l’originalité, au profit de l’efficacité immédiate. Même si des titres sortent du lot (“Spartacus”, le mid-tempo épique “Solo”), peu de chansons émergent de cette ligne directrice et l’on peut se perdre un petit peu en route.
Lo-Pan est néanmoins un groupe sérieux, ambitieux, qui met sa motivation et son talent au service de ses albums, à travers une identité musicale affirmée et un effort de composition important. Toutefois, il lui manque ce petit quelque chose qui fera de ses chansons des titres mémorables, de ceux que l’on veut pouvoir chanter en gueulant dans sa voiture en écoutant leurs disques à fond les ballons. “Salvador” est un bon disque, qui fera plaisir à la frange la plus metal d’entre nous, mais le groupe doit gagner en maturité et en recul sur ses compositions, leur donner ce petit quelque chose nécessaire à passer de “très bon album” à “grand disque”. Un “très bon album”, donc, ce qui est déjà pas si mal.
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