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Lo-Pan – Sasquanaut

Sorti de nulle part (ou plutôt sorti de Columbus, Ohio, soit juste à côté), Lo-Pan a roulé sa bosse sur les routes pendant une demi-décennie avant de poser ses amplis dans un studio et d’y enregistrer son premier disque auto-produit. Après avoir partagé la scène de la moitié des groupes qui comptent dans le milieu du gros rock underground ricain (option stoner), ils se disent qu’il serait temps de passer un coup d’accélérateur : ils soumettent leur galette à Small Stone qui, bluffé par la qualité du disque, lui fait subir une cure de jouvence (nouveau mix par Benny Grotto, et nouveau mastering), dont le résultat est en train de tourner sur ma platine.

Musicalement, Lo-Pan ne ressemble à rien de clairement identifié : c’est un gros rock bien heavy, superbement charpenté, une montagne sonique, clairement (sans connaître la qualité des bandes initiales, ce travail de re-mixage est énorme). La production est superbe, du travail d’orfèvre : les sons de guitare sont subtils, cinglants, heavy, la basse est ronde et suave, le chant et les chœurs se dégagent impeccablement du mix, tout est bien en place. Le chant de Jeff Martin, d’ailleurs, est l’un des éléments marquants du groupe, tant il apporte relief et émotions. La variété des titres permet de passer de morceaux lents, lourds et bien heavy (le presque doom « Kramer ») à des titres toujours lents mais presque aériens, dotés de soli bien sentis (« Savage Henry »), ou encore à des mid-tempo bien heavy (« Kurtz ») ou évidemment des chansons plus enlevées et péchues (« Vega », « Wade Garrett »). A l’évidence, on n’est pas en plein territoire stoner, mais la musique de Lo-Pan plaira vraisemblablement aux amateurs de gros riffs, de grosses guitares et de compos en béton armé. C’est ce dernier point qui marque d’ailleurs l’auditeur, assez rapidement : les chansons du groupe sont audacieuses, accrocheuses, les arrangements sont bien travaillés, les structures des morceaux sont rarement linéaires (voir la succession de séquences et de riffs de « Kurtz », ou le refrain de « Vega » et son break), rien ne semble trop évident, et pourtant tout s’agence parfaitement. En ce sens, le groupe se rapproche de feu-Disengage, par exemple (gros compliment, de ma part).

Au final, ce disque atypique s’avère particulièrement « attachant » (un qualificatif que l’on retrouve rarement dans une chronique de disque) : la qualité intrinsèque des chansons, l’efficacité du travail de composition (que l’on rencontre rarement à ce niveau) le font sortir du lot des productions habituelles, plus traditionnelles. Un très bon album, original (dans le sens où il se distingue de toute influence trop marquante), rafraîchissant. une très bonne surprise !

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