Et dire qu’il y a une vingtaine d’années on pensait qu’on était envahis de groupes de stoner italien… que dire de ces derniers mois ? Bien aidés par une flopée de labels dédiés au développement de la scène locale (il ne fait pas bon se comparer à nos voisins transalpins sur ce point…), cela permet à des groupes comme ces sardes de Loose Sutures de proposer leur 3ème album, toujours chez Electric Valley, une maison sérieuse, dotée de moyens modestes, mais développant un cheptel de qualité, avec amour et conviction.
On s’est plongé dans ce disque avec une vague curiosité et sans appétence particulière… et on y est restés un bon moment, contre toute attente. Le groupe développe un genre aussi séduisant sur le papier que sur rondelle plastifiée, une sorte de stoner doom richement fuzzé et grassouillet, porté par une prod garage de toute bôôôté (ou saleté, c’est selon). On pense un peu au premier R.I.P en moins metal, à Lecherous Gaze en moins punk… D’ailleurs il faut confesser que l’on est un peu tombés amoureux dès le premier titre, ce “Highway Shooter” doté d’un gros riff de base, rythmique binaire, chant reverb-isé et fuzz pied au plancher – clairement ces gars ne peuvent pas être de mauvais bougres.
Les compos suivantes sont bien efficaces, il faut le reconnaître, avec un talent particulier pour les brulots péchus et vicieux (“White Line”, “Another Hell”…) mais aussi dans le mid-tempo (“Black Star Flashing, ou encore “Sadism and Gallows”, qui commence comme un titre ennuyeux… mais de manière assez surprenante, ne le devient jamais !). On notera, l’air de rien, que les gars nous collent deux featuring par des pontes de la scène desert rock US : respectivement Alain Johannes sur le très robot-rock “Kinky Katy”, et Nick Oliveri qui vient crier sur le cliché “He’s My Friend” (à peu près aussi intéressant et mémorable que les deux dernières décennies de la carrière du grand bassiste chauve).
Quelques titres sont un peu en retrait et l’ensemble gagnerait à un peu plus de consistance (35 minutes en tout, dont deux titres “parenthèses” avec des guests de luxe), mais globalement on est sur une galette qualitative, une petite rondelle plastique de petit plaisir sans prise de tête. Et donc plutôt recommandable.
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