Derrière l’écrasante renommée et personnalité de son frontman John Garcia, Hermano est en réalité le bébé d’un musicien plus discret, son bassiste Dandy Brown. Productif et inspiré, le musicien a bien dû trouver d’autres vecteurs à ses velléités musicales, le paquebot Hermano étant difficile à actionner et manœuvrer à loisir. Si Orquesta Del Desierto fut son projet secondaire le plus emblématique dans nos cœurs de Desert rockers, Brown a sorti plusieurs disques plus ou moins solo ces dernières années, hors de tout carcan musical et stylistique, en compagnie de musiciens plus ou moins installés, invitant souvent des amis bien connus de nos pages (et en particulier dans musiciens ayant œuvré dans Hermano). C’est plus encore le cas sur ce disque, où l’on retrouve Dave Angstrom à l’œuvre sur la plupart des soli, Steve Earle à la batterie (batteur des débuts de Hermano), Mark Engel à la guitare (régulier partenaire de Brown, en particulier dans Orquesta Del Desierto)… Sans parler de la pochette, dont l’artwork ne devrait pas être étranger aux amateurs de Orquesta Del Desierto ou Hermano… En outre, ce nouveau groupe / projet est co-fondé et co-composé avec Nick Hannon et Marlon King, la paire de musiciens à la tête de Sons of Alpha Centauri, combo anglais bien connu pour ses collaborations avec des formations comme Yawning Man, Karma To Burn…
Musicalement, Lorquin’s Admiral n’évolue toutefois pas dans du stoner en tant que tel, mais propose de nombreuses incursions stylistiques fort plaisantes. Les amateurs de rock solide et rugueux devraient en particulier apprécier des morceaux comme « Inexplicable Thing » (son couplet sur base de riff sombre et vicieux, son refrain très malin où les leads d’Angstrom viennent soutenir le chant), « My Blue Wife » (son gros riff saturé qui porte le morceau avec en fond une rythmique à la guitare… acoustique !), son pendant énervé « My Blue Husband », « Black Water » ou encore « Burn and Heal » (deux mid-tempo chaloupés et catchy pas forcément ultra saturés en termes de son, mais qui rappellent certains plans de Hermano, avec en particulier ces leads en fond, emblématiques de David Angstrom).
L’un des marqueurs de l’identité de ce groupe tient au mix sonore, qui vient largement mettre en avant les lignes de chant : celles-ci sont assurées soit par Dandy Brown, soit par son épouse Dawn Brown (sa partenaire de composition également), soit… les deux, sur des passages en chœur. Cette production un peu atypique dans notre environnement discographique de prédilection vient ajouter beaucoup de relief à ce disque. D’autres compos assez marquantes viennent compléter la galette, à l’image de ce sombre et dissonant « Aren’t We » ou de l’enjôleur « To Temptation », à forte prévalence électro-acoustique…
On ignore évidemment à ce stade si Lorquin’s Admiral s’inscrit dans le temps, ou s’il fera l’objet d’une incarnation live d’une manière ou d’une autre. Quoi qu’il en soit ce disque nous aura charmé bien plus que beaucoup de productions récentes : musicalement, il a beau n’être que modérément attaché au stoner rock et à ses dérivés auxquels nous sommes plutôt habitués, ce vent de fraîcheur, assorti d’une qualité d’écriture remarquable et une production riche, font de ce disque un petit coup de cœur, que l’on se prend à ressortir régulièrement. A recommander aux esprits ouverts.
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Merci d'être toujorus au top, j'étais passé à côté de cette galette!