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Los Disidentes Del Sucio Motel – Music From The Motion Picture

Le voici enfin, le premier long de Los Disidentes Del Sucio Motel ! Après une tripotée d’enregistrements épars (EP, 45T, compiles) et surtout une réputation de guerriers de la route comme peu de groupes français en ont, ils ont enfin décidé de s’enfermer dans un studio pour pondre leur première galette, et le résultat est à la hauteur de notre attente.

Les morceaux qui composent cette rondelle sont excellents. Il n’y a pas de secret : ces titres ont manifestement été rodés sur scène. L’expérience live du groupe leur a probablement permis de peaufiner la grosse douzaine de morceaux qu’ils nous jettent en pâture, taillés au scalpel pour une efficacité décuplée. Les chansons font ainsi toutes preuve d’une maturité remarquable pour un “modeste” groupe français, à l’image des arrangements vraiment originaux et pertinents que l’on trouve sur la plupart des titres, le genre de détails qui, au détour d’un break ou d’un passage groovy, vous donnent le sourire involontairement. Remarquable. Chœurs innombrables, claviers, breaks, soli jouissifs (“Backdoor woman” !!), on ne s’ennuie jamais !

Mais que ces subtilités ne vous trompent pas : le groupe évolue bien dans une sorte d’énorme stoner bien graisseux, une grosse machine à riffs bien huilée, qui peut même virer sludge par moments. Bref, c’est pas pour les fillettes. A noter toutefois que le groupe n’hésite pas à contrebalancer les passages les plus heavy en les faisant baigner dans un groove imparable, se rapprochant dans cet exercice de l’excellence d’un Puny Human, par exemple (voir “All Alone” ou “Backdoor woman” et ses chœurs féminins impeccables). Sinon, musicalement il serait difficile pour LDDSM de renier la filiation QOTSA, dont on peut retrouver certains signes distinctifs, toutefois toujours enrichis d’une lourdeur de son tout à fait originale. Voir pour illustration l’intro très “Go With the Flow”/indie rock de “Chapter II” ou le super catchy “A beauty among the crowd” (me dites pas que le break après le refrain n’a pas un faux-air de “Broken Box”). Mais les hommages ne s’arrêtent pas là, et sans jamais verser vers la pâle copie, on notera avec plaisir les passages très Fu Manchu de “Oogie Boogie”. Globalement, il y a pires influences.

Niveau prod’, un groupe moins ambitieux aurait pondu une démo améliorée ; LDDSM (qui a coproduit l’album) a sorti l’artillerie lourde, direct. Le son est là, gros, rond et clair à la fois, qui fait chaud aux tympans. On regrettera occasionnellement que dans le soucis de mettre en avant la partie instrumentale, le chant puisse parfois se retrouver quelque peu sous-produit ; rien de perturbant toutefois.

En lâchant ce petit missile sur le milieu en effervescence du stoner-rock français, Los Disidentes Del Sucio Motel passe illico du statut de “énième groupe de stoner frenchie en devenir” au poste envié de leader affiché du genre dans l’hexagone, titre qu’ils partagent avec 2 ou 3 autres groupes amis. Une saine rivalité dans tous les cas, qui ne peut qu’accoucher d’albums de qualité croissante. “Soundtrack from the motion picture”, agrémenté d’un packaging superbe, en est la superbe illustration. Une galette de plaisir pur, portée par un groupe qui fait montre de qualités musicales et d’écriture impressionnantes. Un album à acquérir sans hésitation.

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