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Luna Sol – Below the Deep

Luna Sol a été monté par David Angstrom, que le commun des mortels connaît surtout en tant qu’extravagant et talentueux guitariste lead de Hermano – les initiés connaissaient même déjà son groupe précédent, les excellents Supafuzz. Dans les méandres insondables que constituent les dernières années de carrière de Hermano (le groupe n’est pas mort, mais pas franchement vivace non plus), le bouillonnant six-cordistes, désormais implanté dans les montagnes du Colorado, attrape quelques musiciens par le col et lance Luna Sol en 2012. On ne peut pas vraiment qualifier le combo d’hyperactif toutefois : le groupe publie ces jours-ci son second long format seulement, 4 bonnes années après le précédent (même constat pour la scène, où le groupe ne s’engage que rarement au-delà d’une poignée de dates ici ou là, essentiellement autour de son Denver natal). Dans l’intervalle, et malgré le succès critique de son premier long, Angstrom bouleverse son line up, ne gardant que sa bassiste Shannon Fahnestock, et s’adjoignant les services d’un nouveau batteur et guitariste rythmique. La qualité de ce nouveau line-up ayant été validée et éprouvée quelques mois, l’enregistrement de ce Below The Deep marque donc les débuts de cette version mark II du quatuor.

Il ne faut pas longtemps pour retrouver l’univers baroque et foisonnant du guitariste. Un véritable tsunami de créativité rock : des arrangements plus ou moins barrés, des effets sur les voix, des chœurs un peu partout (le gars fait parfois ses propres chœurs (!!) mais s’appuie aussi souvent sur sa bassiste pour compléter ses lignes vocales), des soli parfaitement emballants et mélodiques, des refrains super efficaces, des riffs, des riffs et des riffs. On ne sait plus où donner de la tête, et dès les premières écoutes on se fait harponner par des compos d’une efficacité vicieuse, dont on a bien du mal à se départir. L’écriture est maline, astucieuse parfois et accrocheuse dans tous les cas, Angstrom (co-compositeur d’une large part de la discographie de Hermano, quand même) est doué. Pour tout dire, on ne s’ennuie jamais sur les 10 titres proposés. On retrouve autant de grosses patates heavy rock en mode mid-tempo (comme « Sometimes we get it right », « Mammoth Cave ») que d’honorables torgnoles en mode high energy (comme « Black Cloud », « Wait for it »), et même des titres plus lents (le puissant « Garden of the Gods »), ainsi qu’une poigné d’OVNIs super intéressants (« Hallelujah », le dodelinant « Along the road »)… Dans tous les cas, tout gravite autour de ce qu’on appellera « une certaine idée du stoner rock », à savoir un heavy rock occasionnellement fuzzé, héritage nerveux et saturé d’un blues rock essentiellement américain (assez proche en cela des derniers albums de Hermano).

Le tout est, plus encore que sur Blood Moon son prédécesseur, complètement marqué par l’empreinte du frontman, dont la créativité débridée et la personnalité exubérante et attachante apportent une vraie identité à ce disque.

A noter que deux titres bonus sont dispos (bonus tracks sur l’album ou en téléchargement pour le vinyl) : un instru un peu chelou et « Home », un titre solide qui aurait trouvé sa place sur l’album.

Below The Deep, plus solide et homogène que son prédécesseur, est une galette ramassée sur 45 minutes, qui a le potentiel de séduire un large public. Sa production impeccable et très soignée (des arrangements et petites astuces dans tous les sens) rend ce disque non seulement riche et plein de surprises, mais aussi efficace et même attachant ; tout cela vient s’ajouter à une qualité d’écriture remarquable, pour au final proposer un objet vinylique très fortement recommandable. On espère que le groupe profite de cette solide plateforme pour s’engager sur des tournées transatlantiques, pour se faire connaître et enfin décoller.

Note de Desert-Rock
   (8/10)

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