On a tous dans notre entourage un bon pote à qui on laisse tout passer… Il ne donne pas de nouvelles pendant quatre ans? Pas grave, le jour où on se revoit, notre relation est restée comme la dernière fois qu’on s’est vus et on pardonne… Il porte exactement les mêmes fringues qu’il y a quatre ans? Ce T-shirt élimé jusqu’au col lui va si bien, va pour cette fois… Il n’a absolument pas évolué dans son discours, il parle toujours des mêmes sujets? Bon, passons, mais on commence à se dire qu’il serait peut-être temps de passer à autre chose, d’arrêter de ressasser son passé et de regarder devant soi, de prendre des risques, de quitter le sentier pour partir à la découverte…
Eh bien, en musique, c’est un peu la même chose: on a tous un groupe de chevet, une formation dont on attend avec impatience le nouveau single qu’on écoutera en boucle jusqu’à la nausée, ce même groupe qu’on espère ne jamais nous décevoir, pour lequel on est prêt à faire des centaines de kilomètres pour se retrouver compressé aux crash-barrières en se disant: « j’espère que ce sera aussi bien que la dernière fois…». Ces groupes se nomment AC/DC, Iron Maiden, Rammstein ou Black Sabbath (parmi des centaines d’autres), dont les pauvres mécréants hermétiques à leur musique vous diront qu’ils pondent inlassablement la même tambouille depuis des décennies. A ces béotiens, rétorquez-leur que leur ignoble musique urbaine vocodée ressemble à ce que mon chien évacue chaque matin en faisant admirer son séant aux passants…
Tout çà pour dire qu’il y a 4 ans, le premier album de Mammoth Storm m’avait enchanté dès la première écoute et que ce nouvel opus, intitulé Alruna, m’a laissé dubitatif, à tel point que je me suis demandé si je ne m’étais pas trompé de galette et que je n’avais pas posé Fornjot à la place! Daniel Arvidson (ex-Draconian) maltraite toujours autant sa basse et ses cordes vocales, les compositions s’étirent toujours sur plus de sept minutes chacune et le doom sombre et caverneux proposé par le groupe est toujours aussi prenant et sépulcral. Oui mais voilà, dans la phrase précédente, on trouve trois fois le mot «toujours», ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle pour qui cherche un peu de nouveauté, pour qui attend un tant soit peu d’innovation dans la musique d’un groupe qu’il apprécie.
Alors évidemment, la production est gigantesque, l’artwork est encore une fois splendide mais il manque ce parfum de la découverte qu’on a humé il y a quatre ans en découvrant Fornjot. Mammoth Storm fait du Mammoth Storm mais reste sur ses acquis sans s’éloigner d’un centimètre de sa ligne directrice, là où l’auditeur aurait apprécié un petit grain de folie, une prise de risque, un minimum d’innovation. Vous allez me dire: «ouais mais AC/DC, Black Sabbath et les autres ont produit le même album pendant des années et on ne leur en a jamais voulu». Puisse les dieux du rock donner la même longévité et la même carrière à Mammoth Storm et on en reparlera à ce moment-là…
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