Avant même sa musique, la premier contact avec un groupe se fait par le nom. Ainsi, dans le petit monde du stoner rock, comme pour la plupart des autres subdivisions du metal, l’imaginaire des patronyme est souvent significatif et tourne la plupart du temps autour de quelques thèmes, allant de la drogue au sexe en passant par l’aspect caniculaire ou lunaire (les « moon » et les « sun »), sans oublier, bien sûr, les références à Black Sabbath. Il y a, depuis récemment, une nouvelle redondance stylistique à signaler : l’image du mammouth. En effet, de nombreuses formations nouvelles ont adopté l’image de l’imposant et antique mastodonte poilu pour caractériser leur musique. Jugez plutôt: Mamont, Mammoth, Mammoth Mammoth, Mammothwing, Mammoth Volume, Wooly Mammoth, Aye Mammoth, Mammoth Storm, Motor Mammoth, The Fall Of Mammoth, Mammoth Blues (qui pour l’anecdote est un side project de membres de Bisonhammer, promis je n’invente rien!) ou Tunguska Mammoth rien que pour le stoner/doom et je vous passe les noms d’albums avec des mammouths dedans, ils sont légion. S’il est vrai que le pachyderme, énorme, poilu, gelé et d’un autre temps a de quoi évoquer bien des aspects du stoner rock, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a surreprésentation d’éléphantidés dans le bestiaire du genre. Alors lorsque débarque Mammoth Storm, nouvelle signature de Napalm Records en 2014, je fais partie des méfiants. Pourtant Rite Of Ascension, l’EP du trio suédois, qui n’avait jusque là que deux ans d’existence et une démo sous le bras, fait forte impression et de tous les mammouths cités plus haut, Mammoth Storm est celui qui semble le mieux porter son nom. En quatre titres aussi heavy qu’un fémur pris dans les glaces, la formation de Daniel Arvidson (ancien guitariste de Draconian, ici à la basse et au chant) fait étal d’un savoir faire certain en matière de lourdeur. Suffisamment en tout cas pour faire de la publication de son premier album en novembre 2015, toujours chez Napalm, quelque chose d’attendu.
Fornjot est le nom d’une figure primitive dans la mythologie Finlandaise. Une sorte de géant barbu, un roi guerrier, autant dire une figure tutélaire pour le groupe. Sans aller jusqu’à parler de concept tout au long de l’album, il apparait évident que la mythologie nordique, une fois n’est pas coutume, ait été une influence primordiale lors de l’écriture de l’album (on retrouve par ailleurs Fornjot sur l’artwork, qui est l’œuvre d’Emil Ahlman, le batteur du groupe). Dans la droite ligné de l’EP sus-mentionné, Fornjot déroule sur 50 minutes un son aux inspirations doom nordique (une sorte de fusion entre les poussées mélodiques de Candlemass et des ambiances polaires, rappelant la frange de la scène naviguant à vue aux confins des musiques extrêmes) mélangé à un « je ne sais quoi » de Neurosien dans le tempo et l’utilisation de la guitare lead. L’alchimie de l’ensemble offre un son unique à Mammoth Storm, et les deux plus belles pièces de l’opus, « Augurs Echo » et « Fornjot » offrent un panorama éclairé et passionnant de l’univers du groupe. Si parfois le chant manque de profondeur et d’intérêt, la qualité des compositions et la puissance sonore qui se dégage de l’album suffit à en faire un ouvrage de qualité hautement recommandable.
Point Vinyle:
Sobre mais efficace, Napalm propose le LP en 3 versions: Noir, lilas (100 ex) et violet (100 ex). Il s’agit d’un double vinyle, gatefold.
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