Mantar, ce groupe qui a la possibilité de te rougir la peau du cul juste avec ses deux musiciens vient se rappeler à ton bon souvenir à la façon d’un Maître Sadomasochiste qui te gronderait, “N’oublie pas, tu es ma chose!”. Et toi esclave soumis devant tant de puissance musicale de répondre, “Oh oui, violez moi les tympans avec votre Sludge surdimensionné”. Donc, pour les néophytes, installez vous confortablement dans un Sling et pour les amateurs de coups de cravache derrière les oreilles vous savez où est votre place, voici The Modern Art of Setting Ablaze, le troisième LP studio de Mantar
Premier constat, le pessimisme des plages est plus marqué, avec une profondeur que n’avait pas encore exploré Mantar. Le duo s’affirme comme non seulement maître de la violence mais aussi du spleen, passant de la cire chaude aux coulées d’acide. S’introduisant avec une piste toute en vaseline, “The Knowing”, débute l’album et surprend par sa prévenance instrumentale, heureusement cela ne dure pas plus de deux minutes et Mantar revient pour mieux nous forer les esgourdes avec sa puissance unique.
La volonté de faire des morceaux plus corrosifs, plus courts, est nette (ce qui faisait déjà largement la marque de fabrique de nos brutes). Les titres explosent les uns après les autres et ne dépassent les 5 minutes que sur le titre final, “The Funeral”. J’espère cher lecteur que ta platine est ignifugée, car les gars on fait monter une fois de plus la température avec leur musique au phosphore.
On sent comme une envie de narration plus forte sur cet album. “Seek + Forget” sera mon illustration, alternance de hurlements mis en avant sur des riffs plus atténués avec reprises puissantes et rageuses de frappes lourdes côté fûts, donnant des envies destructrices. Il se dégage une tendance générale à allumer des bougies pour une atmosphère feutrée dans ce The Modern Art of Setting Ablaze. Mais pyromane un jour, pyromane toujours, le déferlement de violence submerge tout systématiquement. Mantar en tribun avisé va convaincre le plus large public. “Taurus” a la structure type du morceau à tiroir qui peut conquérir les masses et l’outro de chant en duo devrait les galvaniser.
Pour retrouver de l’énergie punk défouloir il faut tout de même attendre la sixième piste “Dynasty of Nails” pour que le tempo s’accélère, et encore par touches successives. Mantar vient te chercher les tripes et laisse libre cours à sa noirceur, le gimmick au clavier de “Obey the Obscene” t’introduit une gêne honteuse puis la reprise des hostilités te fait te comporter en bête enragée. Mantar confirme aux habitués que l’établissement est toujours bien tenu, “Eternal Return” ou “Teeth of The Sea” délivrent ce que l’on attend, un Rock velu et Sludge . L’évolution du groupe flirte couramment aux limites du Black mais elle évite soigneusement tout classicisme.
En 47 minutes 40 secondes Mantar allume un album plus Métal que jamais et se distingue en se hissant à des sommets artistiques où l’apparente facilité d’écoute se traduit vite par un besoin d’audition prolongée et toujours aussi bandante. C’est une galette sans compromis, forgée dans la brutalité la plus primitive. Alors maintenant, range cette chronique sur ton PC, dans ton répertoire à vices, et va en portant fièrement ton baudrier de cuir commander l’objet du vice: The Modern Art of Setting Ablaze, tu peux me croire, tu y trouveras plus que chez D-A-F de Sade.
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