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Matt Pike – Pike vs. the Automaton

Nous avions laissé Matt Pike en 2018, un orteil en moins mais avec un Grammy en plus, content d’obtenir enfin une reconnaissance du milieu pour tout le bruit qu’il a pu faire, avec Sleep et High on Fire en quelques 30 ans de carrière. Une belle lancée que rien ne semblait pouvoir ralentir, si ce n’est une pandémie mondiale, finalement. Et s’il y a une chose que Matt Pike ne supporte pas, c’est bien de rester chez lui à devoir écouter ses théories fumeuses (l’homme est nettement moins bien structuré que l’artiste convenons-en) et quelle meilleure thérapie que de prendre sa guitare et quelques potes sous le bras pour jammer un peu ? Et quel meilleur moyen de nous en faire profiter que d’en faire un album une fois le gros du COVID derrière nous (si si il faut l’espérer)? Voici donc Pike vs The Automaton, dans un esprit proche de Tucker & Dale Fightent le mal : quelques bouseux se dressant face aux grands problèmes de ce monde, une bouteille de whisky dans la main et un joint au coin des lèvres.

Matt Pike fait ici équipe avec Jon Reid, batteur de Lord Dying et son technicien guitare, Chad « Chief » Hartgrave à la basse. Un disque réalisé en famille, avec l’incontournable Billy Anderson derrière la console, Mme Alyssa Pike (et bassiste de Lord Dying) pour quelques voix et parties de basse, Brent Hines (Mastodon), Jeff Matz (HoF) et quelques autres happy few apportent également leur petite contribution. Tant qu’à être piégé dans sa caverne (« Trapped in a Midcave »), autant faire un maximum de boucan et à ce jeu-là Matt Pike n’est pas le dernier. Vous trouverez chez Pike vs. The Automaton toutes les obsessions du guitariste, des déboulés à la High On Fire (« Abusive », « Throat Cobra ») au doom cosmique de Sleep (« Trapped in a Midcave » ou « Living The Wars of Woe », deux des tout meilleurs titres de l’album), mais la liberté que confère un tel projet permet au guitariste de s’essayer à d’autre styles, comme la vibe D-beat/punk d’« Acid test Zone » ou le blues gras de « Land », morceau sur lequel Hinds délivre un solo qui n’est pas sans rappeler Billy Gibbons. C’est bien là que se trouve l’intérêt (et les limites) de Pike vs. The Automaton, dans cet assemblage foutraque de titres sacrifiant à la cohérence un certain usage récréatif de la musique. Jouer ce que l’on veut, avec les potes de passage et enrubanner le tout pour une sortie mondiale, en attendant que les restrictions sanitaires permettent à High On Fire d’enregistrer et tourner à nouveau. Alors pour les drogués qui, comme moi, considèrent Matt Pike comme un guitaristes incontournable, passer à côté d’autant de ses riffs est une hérésie, mais les consommateurs occasionnels peuvent sans problème attendre sagement que le bonhomme retrouve ses canaux habituels pour nous en mettre plein les oreilles. Mon petit doigt (mon gros orteil ?) me dit d’ailleurs que c’est pour bientôt.

Il est à noter que Matt Pike fait partie de ces gens ayant des idées particulières sur la pandémie et si je n’ai rien décelé de problématique dans l’album, le dossier de presse fourni comporte un passage complotiste assez pathétique. Il appartient aux journalistes qui l’intervieweront de faire attention à ce qu’ils retransmettront, vu qu’à priori sa maison de disque (MNRK, soit ce qu’il reste d’Eone depuis sa vente à Hasbro) n’a pas jugé bon de faire attention.

Point vinyle:

De multiples vinyles colorés sont disponibles, gris, rouge, doré, splatter et autres réjouissances, à des prix plutôt corrects étant donné le délire actuel du vinyle. Il est par exemple possible d’avoir une version noire pour 19 euros, y compris venant de France (Season of Mist) et le coloré autour de 25 euros. Profitez-en, les prix grimpent de façon absurdes ces derniers temps.

 


Note de Desert-Rock
   (7/10)

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