Construit sur les cendres de YOB (Mike Scheidt n’adore pas qu’on en parle mais bon, annonçons-le puis basta), Middian est un jeune trio américain qui, néanmoins, possède un solide passé musical. Je vous laisse le soin de flâner sur la bio du groupe que vous trouverez sur le site de leur maison si vous souhaitez en savoir plus.
Age Eternal est le tout premier opus de cette formation mais se distingue déjà par un son et un style à couper le souffle. C’est précis, puissant, pachydermique et passionnant (bonjour les allitérations!). 5 plages oscillant entre 6 et 16 minutes se succèdent dans des arrangements loin de tous les clichés musicaux connus. Ici, la création des atmosphères et l’étalage des sentiments semblent être le leitmotiv servant de fil conducteur aux morceaux.
Commençons par décrire le chant. Entre la mélopée androgyne digne du chant éthylique de sirènes déchirées et les hurlements arrachés à en faire saturer le micro, la voix est plutôt rare et précieuse si l’on considère la longueur des morceaux. Les vocalises mixtes attaquent d’entrée de jeu avec l’ouverture du premier riff post-hardcore hyper-répétitif. Ca marque dès le départ pour ensuite se faire oublier et revenir plus tard dans l’album comme un espoir soudain, un repère inattendu.
En matière de riffs, les mecs n’ont rien à envier à qui que ce soit. Simples et envoûtants, les séquences rythmiques de la gratte vous appellent au voyage dans un mode répétitif avec un section rythmique d’une précision millimétrique. Il faut aussi dire que la prod et le mix sont de toute première qualité (mais alors là, la classe totale!) et les chansons n’en sont dès lors que plus prenantes.
La basse et la batterie sont d’une régularité, d’une puissance et d’une finesse à vous foutre le bourdon si vous êtes musicien amateur. Je n’ose pas imaginer ce que ce trio doit nous réserver sur scène. La 6 cordes nous offrent des soli modulés dans les fréquences noisy, avec des ondulations bien cradingues qui intensifient le côté sombre et désespéré de ces passages précis.
Middian orchestre savamment le post-rock à forte teneur instrumentale et le doom au gré des séquences. L’assemblage est édifiant et crédible. A peine sort-on d’un trip musical que de légères notes cristallines et sombres vous font vite comprendre que le tour n’est pas terminé. Et c’est dans une suite d’accords aux allures célestes qu’on décolle à nouveau pour sombrer rapidement dans une tristesse aux profondeurs abyssales. Si vous aimez le spleen de Neurosis et le vol majestueux de Pelican, vous ne résisterez certainement pas aux charmes de Middian.
Si je n’étais pas en train de taper ces quelques lignes en écoutant cette perle, je serais les 2 pouces bien en l’air, histoire de vous donner une avis imagé. Comptez 3 à 4 écoutes attentives pour percer cet album contemporain qui se jouera certainement du temps à travers les années (petit clin d’oeil à la pochette et au titre).
Imposant, majestueux, triste, splendide, beau à pleurer, d’une qualité sonore irréfutable et d’excellente composition, ce 1er album du groupe mérite toutes les attentions. Puisse-t-il être le début d’une nouvelle envolée musicale.
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