Quand on parle de musique instrumentale deux écoles s’opposent. Pour la première, s’il n’y a pas de chant il manque quelque chose, comme un plat sans épice. Pour la seconde, si les matières premières sont bonnes, pourquoi les dissimuler derrière une épice ? Si je vous parle aujourd’hui de ce “5th Sun” par Monkey3 c’est bien que je fais partie de la seconde école. Parce qu’il faut bien se l’avouer parfois l’épice cache un peu la misère du plat ou gâche le plat tout simplement. Par contre quand tout est parfaitement juste dans le dosage, alors là vous avez un plat à déguster avec soin, à apprécier à sa juste valeur, à chroniquer avec quatre mois de retard…
Pourquoi cette comparaison culinaire me direz-vous ? Tout simplement parce que quand en cuisine vous avez la fine brigade des Monkey3, vous avez la garantie que les produits sont bons et mitonnés comme il faut. Des ingrédients simples mais efficaces : guitare, basse, batterie, claviers, des recettes équilibrées mais gourmandes pour un menu qui satisfera tous vos besoins essentiels en mélodies, en psychédélisme et en saturation bien sûr.
Je pourrais continuer les métaphores encore longtemps, vous parler de sauce qui monte, de mayonnaise qui prend, de saveurs orientales, de fines notes saupoudrées sur son lit de basse mais la bonne cuisine tout comme la bonne musique ça se ressent et je ne voudrais pas vous écœurer non plus.
Ce qui fait la grande force de ce nouvel album c’est l’alchimie qui règne entre nos quatre singes, tout le monde s’écoute et chacun écoute tout le monde. Ce quatrième opus (de compos originales) reprend tous les éléments qui ont fait la force des précédents volets mais cette fois la cohésion est totale. Chacun trouve sa place, prend le lead, emmène le morceau à tour de rôle. Cela aussi grâce à une production qui une fois de plus pour nos suisses leurs fait honneur avec ici un son plus dense, plus rond, plus live presque.
Dès l’entrée avec “Icarus” vous serez plongés dans ses mélodies, fins arrangements, solos, passage psyché, grosses lignes de basse, motifs rythmiques adaptés, claviers mis en avant. En près de 15 minutes vous êtes déjà rassasiés mais vous en demanderez encore et vous serez servis. Mention spéciale pour “The Birth of Venus”, tube en puissance qui démontre bien que Monkey3 peut vous envouter et vous démonter la nuque en un seul et même morceau. N’hésitez pas à suivre la recommandation du chef et laissez vous tenter par la bonus track (“The Ship”) qui ne dessert pas l’ensemble du repas bien au contraire. Pour moi le meilleur album de Monkey3 en termes de son, de cohérence et de pouvoir hypnotique. Reste à voir ce que l’avenir leurs réserve après le départ de Picasso (basse), espérons que l’harmonie reste intacte.
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