Une intro douce… douce mais froide… ce son paraît lointain plein d’effets… une mélodie répétitive, incantatrice… des cymbales font leur apparition, discrètes… la tension monte… la bête invoquée approche… un grondement… une claque… et ainsi commence le voyage.
RidingEasy Records le label qui nous veut du bien nous présente aujourd’hui Monolord. Monolord c’est quoi ? Monolord c’est le froid saisissant de la Suède conjugué à une orgie bacchanale sous fond d’Electric Wizard et de Sleep. Je pense que tout est dit… mais ce n’est pas fini ! Ce serait trop réducteur de classer ainsi le trio. Monolord avec Empress Rising balance LE pavé heavy qui nous faisait défaut cette année. Un doom de facture classique mais avec une petite touche « baffe dans ta gueule » qui fait toute sa richesse. 5 titres pour 46 minutes de plaisir et l’adepte de jam que tu es commence à avoir l’œil lubrique.
Ce qui saisit après la claque, c’est l’énormité du son. Froid, précis et en même temps débordant de gras. Le son «fait dégueuler ta fuzz » au service du doom. La dynamique des riffs est respectée, la saturation maîtrisée, ça résonne quand ça doit résonner et ça coupe net pour accentuer la distribution de coups assenée par une batterie sèche mais vivante. Riffs hypnotiques répétés jusqu’à totale soumission de l’esprit, voix sous échos hallucinés, l’envoutement est totale. Mais le groupe se la joue « stoner dans l’âme » avec des coups de butoirs réguliers, des breaks « sourire aux lèvres », une basse qui reprend les riffs seule avec tellement de wah wah et de fuzz qu’on ne peut que jubiler et une batterie qui glisse entre ses frappes métronomiques, des roulements et contre-temps qui maintiennent ainsi l’esprit conscient qu’il est en plein voyage. Les variations ne sautent pas aux oreilles dès la première écoute, le côté trippant prenant le dessus aux premiers abords. Le risque serait de condamner cet effort à être un ersatz des ténors du genre, la forme étant dans le fond différent.
Ca pourrait paraître répétitif, pourtant chaque titre se distingue les uns des autres. « Empress Rising » chanson éponyme de l’album ouvre les festivités, morceau qui démontre toute la dynamique dont sait faire preuve le groupe en 12 minutes. « Audhumbla », instrumentale, est la plus courte chanson (seulement 7 minutes) de l’album mais c’est finalement là qu’il y a le plus de variétés car quand la machine prend plus son temps c’est pour faire virevolter la conscience. « Harbringer of death » pourrait être l’enfant caché du Fu et du Wizard. « Icon » et son break « sortez vos morts » à coups de cloche glaçante. « Watchers of the waste » et sa construction en deux parties pour clore l’album d’un riff grande non-classe.
Monolord sans prétention s’est attaché à respecter les bases d’une bonne recette qui a fait ses preuves : Un riff, un son, des arrangements. Si le riff est bon pourquoi ne pas le faire tourner jusqu’à totale annihilation de la volonté de l’auditeur. Si le son est bon, qu’il suinte de tous les pores de la peau, qu’il se ressente dans les tripes. Si les arrangements sont efficaces, pourquoi ne pas en faire usage de manière subtile pour que la richesse du morceau ne s’offre qu’aux plus attentifs. Rien de nouveau sous le soleil donc, parce que le soleil est caché par une épaisse fumée mystique sortie des instruments du trio de Göteborg.
Un putain de trip doom hallucinatoire à l’image de la pochette : glaçant, fumant, psychédélique.
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