Sensation de 2014, né comme un side-project en 2013, Monolord revient pour consumer le reste de nos âmes sur le bûcher du doom. Déjà une nouvelle offrande, cela s’apparente à battre le fer tant qu’il est chaud. Ou à vivre sa passion hors des standards édictés par l’industrie musicale actuelle. Du riff bûcheron, du jam, du psychédélisme dans la répétition et des arrangements aux burins pour peaufiner les angles. Rien de nouveau sous la brume incandescente ? Ce serait nier le talent des suédois. L’album porte le nom du plus grand lac en Suède et à bord de l’embarcation Monolord son écoute s’assimile à le traverser pris dans la glace.
Dans un crépuscule naissant « Cursing the One » nous éloigne du rivage. Si les premières ramées résonnent d’un écho connu dans le premier album, c’est leurs vigueurs qui frappent. Son plus puissant, plus incisif, le groove décadent du riff nous pousse plus loin dans les eaux glaçantes d’un doom résolument moderne dans sa production. Les côtes encore à vu, le deuxième morceau voit la glace se densifier autour de la barque. Changement de rames, c’est armé de bûches qu’il faudra briser l’eau gelé (et nos nuques) pour poursuivre notre traversée. Le groupe frappe plus fort dans l’énergie dégagée avec ces deux premiers titres. Le final de « We Will Burn » a de quoi fissurer la banquise. En surface on aperçoit ce qui a démarqué Empress Rising comme un album prometteur, mais tel un iceberg, en profondeur la masse qui se dégage de l’ensemble est abasourdissante.
La densité des riffs est contrebalancée par cette voix lointaine, comme une résonnance nous appelant de l’autre côté du lac. Cette voix plus présente, nous empêche de couler sous le poids des rythmes matraqués par la batterie juste sur-mixée comme il se doit. Parti si fort, « Nuclear Death » nous laisse le temps de totalement perdre l’esprit. Plus mélodique dans son approche, la ligne de basse apporte la rondeur et la subtilité nécessaire pour garder le cap. La respiration est de courte durée, quand s’annonce la deuxième partie de l’odyssée. Au milieu du lac, tout espoir de revenir en arrière est vain, c’est dans le désenchantement le plus total qu’il faudra continuer. « Died a Million Times » assomme. En son sein se découvrent des horizons obscurs. La fougue refait surface mais la mélodie prend le dessus et le break nous gifle de sa glaciale brise. A perdre la raison dans ce brouillard givrant, le doom de Monolord se fait plus sombre que rentre-dedans.
« The Cosmic Silence » court intermède mélancolique et posée, nous plonge la tête dans l’eau. Un bain salutaire pour nous sortir de notre torpeur hallucinatoire. Ce nouveau visage que nous dévoile le groupe est séduisant. Ce deuxième album nous promet des terres encore inexplorées et un potentiel énorme. Le monstre « Vaenir » ne fait que confirmer tout cela. Lent, puissant, aux portes du funèbre, la première partie de ses 17 minutes est glaçante. Puis seule à nouveau, la guitare nous saisi le sang et les sens. Simples accords ouverts à nous pousser dans le désespoir le plus profond. Voués que nous étions à nous perdre dans ce trip, nous nous complaisons à errer sur ses flots torturés. Hagards, gelés, perdus dans notre subconscient, les ultimes coups de butoirs nous échouent sur la terre promise.
Un deuxième album renversant. Monolord a poussé sa recette à l’extrême et démontre une capacité à aller chercher de nouveaux horizons. Un album qui confirme la place qu’il faut leur accorder sur l’autel du doom. Peut être que se donner plus de temps pour le prochain album pour peaufiner et approfondir ce qu’ils nous proposent ici, leur permettra d’écrire un « classique ». D’ici là laissez vous porter par Vaenir, un incontournable de l’année.
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