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Monster Magnet – Last Patrol

1995, 1998, 2001, 2004, 2007, 2010, et maintenant 2013… Avec une régularité quasi métronomique qui ferait presque peur, Monster Magnet sort sa traditionnelle galette triennale ce mois-ci, sous la forme de ce “Last Patrol” doté d’un artwork qui donne sa part de bave aux lèvres. Dave Wyndorf s’est répandu depuis des mois, d’interview promo en interview promo, sur l’intention qui est la sienne de revenir avec ce disque vers le penchant le plus “space rock” du combo, un retour direct en arrière de quasiment deux décennies, en gros. Alors, le pari est-il gagné ?

On aurait tendance à commencer par un petit “oui”, dans le sens où il y a, clairement, changement, ou plutôt “évolution”, comme aiment à dire les musiciens. L’album est franchement plus aérien, largement exempt des passages de gros hard rock US, tous riffs en avant, qu’aimait tant mettre en avant papa Wyndorf (allez, y’a quand même le très hymnique “Hallelujah” qui en a encore quelques atours…). L’album est donc plus “space”, c’est sûr, mais il n’est pas en revanche aussi “planant” que pouvait le laisser imaginer les dires du frontman, et surtout que pouvaient être certaines de ses productions du début des années 90. Les chansons sont étirées en longueur (la durée moyenne de l’ensemble des chansons de l’album culmine pas loin des 6 minutes, quand même…), aérées, dégagées de toute lourdeur inutile. Le fait étonnant toutefois, c’est que l’ennui ne guette jamais vraiment : même s’il se contente de phases musicales plutôt répétitives, de structures de composition assez basiques, le groupe reste toujours sur la brèche, et ne va jamais trop loin. Du coup, on se retrouve avec des compos atypiques (on n’est plus habitués, depuis le siècle dernier en gros, à rencontrer ce type de musique sur un album de ce niveau) et épiques. La tension est donc maintenue tout du long, c’est très intelligent.

Ca commence avec un “I live behind the clouds” qui ne met pas plus de cinq secondes à nous rappeler que MM est le groupe de Dave Wyndorf avant tout : intro en son clair et sa voix suave et puissante largement mise en avant pendant deux minutes, puis débarquent les grattes pour un assaut en règle tout en gros accords bien gras, avec l’arrivée par-dessus d’une première strate de solo, et d’une deuxième en fond. Et hop, la preuve par trois de l’intérêt d’un trio de gratteux dans un groupe. Intro parfaite, en tout cas, enchaînée avec le morceau-titre de l’album, une perle Monster Magnet-ienne : riff sommaire, un refrain qui se limite à une ligne rythmique typique (en gros la basse de Baglino adossée à la frappe binaire de Pantella), des tas de soli impeccablement exécutés (quelqu’un se souvient d’Ed Mundell ?), quelques passages planants pour refaire monter la tension, et ça déroule non stop sur presque dix minutes, sans lâcher prise ou dériver à aucun moment. Aucun morceau particulièrement faible ne vient ensuite faire vaciller ce bien bel édifice érigé en l’honneur du dieu Space Rock. Il y a des titres lents qui fonctionnent bien (qui eut cru que l’on puisse se gauffrer les 4:37 min d’un “Paradise” ou les 5:07 min de “The Duke (…)”, tous deux joués en acoustique et son clair, sans bailler une seconde ?). Autre perle, “Mindless Ones” vient résumer les quinze dernières années de carrière de l’aimant monstrueux en quelques minutes, via une sorte de condensé de toute l’expertise du quintette : encore un refrain au firmament, encore une rythmique binaire embarquée par une basse bondissante, encore des assauts de soli impeccables, encore le chant (toujours sans faute) d’un Wyndorf au sommet de son art…

On pourra un peu regretter de ne pas avoir de vrais gros riffs à se mettre sous la dent, mais à tout bien réfléchir, Monster Magnet n’en a jamais été un gros pourvoyeur, ce n’est tout simplement pas comme ça qu’ils jouent. MM, c’est des power chords enquillés les uns après les autres avec une attaque de cordes rageuse, c’est des gratteux qui font tourner leur bras droit comme si le dernier jour était arrivé, c’est des salves brutales et sensuelles, des rythmiques lancinantes et oscillantes – ça fait bouger les corps, voilà tout ! Monster Magnet = musique de pole dancing ultime ! Mais trêve de divagation… Monster Magnet l’a jouée très fort sur ce coup, se replaçant insidieusement et légitimement à la place qui reste la sienne dans le genre musical : tout en haut… A dans trois ans les gars !

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