Après deux disques passés relativement inaperçus, sortis chez Transubstans Records, Moon Coven se fait mettre le grappin dessus par le label US Ripple Music, plateforme intéressante pour permettre à ce jeune quatuor suédois de sortir du quasi-anonymat, avec cette troisième production, Slumber Wood. Et il ne faut pas longtemps pour réaliser qu’ils le méritent : très vite, leur musique captive l’auditeur, happé par ce son qui emprunte autant au doom moderne ultra mélodique qu’au psych le plus enivrant. C’est dans cette hybridation impeccable que Moon Coven trace sa voie, à grands coups de riffs lourds et entêtants, délicieusement fuzzés (les premières secondes du riff quasi-graveleux de “Further” suffiront à convaincre les plus obtus).
Ce faisant, le groupe se joue avec majesté des écueils des genres musicaux suscités, en évitant par exemple d’abuser des compos à rallonge qui ne racontent plus rien au bout de 3 minutes. Avec 8 titres pour 42 minutes, le format du disque est impeccable, et un seul morceau dépasse la jauge des 7 minutes. Les chansons défilant, les repères se dissolvent petit à petit : on capte pas mal de ce qu’on aime chez Mars Red Sky, c’est vrai (ce son lourd et ces mélodies entêtantes, ce travail de compo…), on pense aussi à Uncle Acid dans l’approche musicale visant à établir une proposition musicale cohérente et consistante, très incarnée, assumée… Au final, on se surprend à détecter des influences que le groupe n’a pas forcément (ces leads de guitare à la My Sleeping Karma sur le splendide “Bahgu Nag”, ce chant chargé de reverb à la Acid King, etc…), qui font finalement surtout écho à ce qui se fait de mieux dans le genre, tout simplement. Il y a pire façon d’appréhender un album, vous en conviendrez.
Si pour vous le doom ces derniers mois (années ?) tourne un peu en rond, Moon Coven est le groupe qu’il vous faut : loin du précepte comme quoi l’évolution d’un genre musical l’amène forcément dans ces extrêmes, les suédois développent une voie musicale plus audacieuse, pour un pari qui est déjà réussi. Derrière ce son – qui déjà justifie de se pencher plus que sérieusement sur ce groupe – Moon Coven tisse une série de compositions malines et efficaces, sans point faible, qui vont finir de vous hanter pendant des semaines et des semaines. Un disque qui ne paye pas de mine de premier abord, mais qui se révèle aussi infectieux qu’intelligent.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)