Originaire de Reading, ville du comté de Bershire située sur la Tamise, Morass Of Molasses sortait en juin son deuxième album chez Wasted State Records. Le trio se forme en mars 2013 et se compose alors de Bones Huse à la guitare baritonne et au chant, de Phil Williams à l’autre gratte et de Chris West, dit « The Beast » à la batterie. Ensemble, ils produisent un EP intitulé So Flow Our Fate en 2015, puis sortent leur premier album deux ans plus tard, These Paths We Tread. Dans ce dernier, le percussionniste Raj Puni s’invite et trouve peu à peu sa place dans la bande. Puis, à l’aube de la création de The Ties That Bind, il remplace Chris derrière les futs.
Leur style appartient à cette famille d’hybride aussi à l’aise pour agiter les têtes que pour ouvrir la porte d’univers psychédéliques et fantaisistes. Cet album raconte une histoire ; les pistes qui se succèdent en sont les chapitres, et les mélodies des descriptions du décor. Tout commence par un paisible pincé de corde d’environ une minute faisant office d’introduction. Tel le conteur du village au coin du feu glanant peu à peu son audience afin que débute son récit. De là, « Woe Betide » et « Death of All » lâchent la bride aux instincts les plus bestiaux du groupe. Un départ annonciateur d’un stoner musclé à la rythmique endiablée couverte d’un chant un tantinet braillard. On y découvre cependant des interludes calmes, avec des lyrics proches du murmure en totale opposition aux séquences précédentes.
Dès la quatrième piste, lorsque l’oreille s’avère à température, on change d’ambiance avec « Estranger ». La fureur s’efface sur ce titre aux ascendances nettement plus blues qui évoque la langueur délicieuse d’All Them Witches. Et lorsque « Legend of the Five Sons » commence, on comprend que The Ties That Bind c’est avant tout une histoire de rythme narratif. Ne jamais autoriser l’auditeur à anticiper l’écoute, ne jamais permettre une quelconque redondance. La voix est accompagnée d’une flûte traversière, le chant des oiseaux remplacent les cymbales et il revient à la guitare sèche de conter l’histoire. On va même jusqu’à s’imaginer dans une taverne médiévale sur « As Leaves Fall » avec ses percus sourdes et sa flûte mélodieuse.
Mais à nouveau, lorsque l’on pourrait commencer à s’habituer à cette douceur instrumentale, à cette tendre hypnose, le groupe nous prend à revers. Voici l’heure des péripéties de « Personna Non Grata ». Une composition de sept minutes avec ses propres rebondissements qui enchaîne sur la puissante « In Our Sacred Skin ». Un chant déchirant, des riffs cisaillant et une batterie punitive qui nous amène à un final inattendu.
Avec ce deuxième album, Morass Of Molasses nous projette dans sa forêt magique. Un lieu sombre, plein de créatures mystérieuses et d’enchantements. C’est une épopée qui s’écoute comme un seul et même titre, sans discontinuité. Un conte qui, s’il ne prend pas vie au coin du lit un livre entre les mains, en détient une substance identique.
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