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Nebula – Livewired in Europe

Étrange mélange de sensations que celui qui s’empare du fan de Nebula au moment de découvrir ce disque. Ça commence par son existence même. Pourquoi un disque live pour le trio californien, pourquoi maintenant, alors qu’il y a deux ans sortait son « Live in the Mojave Desert » (pas sur le même label certes) et que le groupe a déjà sa roborative référence live avec ses enregistrements Peel Sessions de la « grande époque » ? Sachant par ailleurs que la tournée de mai 2023 dont sont extraits les enregistrements du présent disque n’a pas vraiment été une tournée clé pour le groupe (se concentrant sur un axe Italie – “Germanie étendue”, elle n’aura par ailleurs en rien marqué les mémoires).

Mais surtout il faut évacuer « l’éléphant de la salle », le sujet qui inévitablement vient percuter la news de cette sortie : il y a quelques semaines décédait l’emblématique bassiste du groupe, Tom Davies. Cette tournée s’était faite sans lui, avec Ranch Sironi à la 4-cordes, tandis que Davies était alité, en train de combattre la maladie (avec une communication minimale du groupe sur le sujet à l’époque). Quel message donc de la sortie de ce disque, maintenant ? Dans le meilleur des cas, on l’espère, aucun… Reste que forcément (et probablement involontairement) le calendrier du deuil percute le calendrier commercial (vous reprendrez bien une demi-douzaine d’éditions vinyls collector multicolores de ce disque dont l’ancien bassiste vient de nous quitter ?). Malaise.

On essaye de prendre du recul pour jauger l’objet pour ce qu’il est : un album live. L’enregistrement est correct, la guitare d’Eddie Glass largement devant dans le mix, mais avec une place très claire apportée à chacun des trois éléments musicaux : batterie, basse et chant (dont chœurs), et même, quelques secondes après chaque titre, les cris satisfaits du public. Tout cela est plutôt propre, sans relief mais assez clairement enregistré et mixé, quasi scolaire dans l’exécution. Très correct, même si ce n’est pas l’enregistrement du siècle non plus, n’exagérons rien.

La set list est un savant mix de leur prolifique carrière et discographie, mêlant titres récents (issus de leurs deux derniers albums sur le même label), classiques issus de leurs plus anciens albums, et fausses raretés (des titres issus de split-albums, mais qui font depuis longtemps partie des set lists de référence du trio). Zéro surprise. Côté interprétation, on est sur du maîtrisé : pas la fougue de leur jeunesse, mais tout est sous contrôle, bien exécuté, à l’image des innombrables digressions solistes de Glass chargées en fuzz et wah wah. L’ensemble est bien sage et loin de la folie qu’on a pu connaître pour le groupe il y a plusieurs années, à l’image de ces « Aphrodite » ou « Out of Your head » ici un peu mous du genou. A noter que les trois titres après le séminal « Let it Burn » sont réservés à l’édition CD (ou digitale of course), signe à nouveau qu’on n’est pas dans un objectif de documentation d’un concert de référence, mais bien dans la vente d’un objet discographique (les trois titres ne rentraient pas sur le vinyl, et personne n’aurait été prêt à payer un double vinyle pour de cet enregistrement… donc on les retire).

Si vous êtes fan du groupe, option complétiste, l’acquisition de ce disque vous sera probablement obligatoire (et si c’est la musique que vous cherchez et non l’objet, on vous orientera plutôt sur les éditions CD ou digitale, avec trois titres supplémentaires). Si vous êtes plutôt collectionneurs de vinyl, vous trouverez largement de quoi décorer votre discothèque. Pour les autres, on vous laisse à votre quête de sens…

 


 

Note de Desert-Rock
   (5/10)

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