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Old Man Lizard – Old Man Lizard

Old Man Lizard est un trio anglais, du Suffolk pour être précis, une région ingrate, réputée au moins autant pour son climat avenant que pour le dynamisme de sa vie culturelle. C’est dire. De cette province difficile ne pouvait émerger qu’un combo aigri, âpre, ce qu’est fondamentalement, musicalement, Old Man Lizard, qui se définit lui-même comme une sorte de groupe de stoner sludge « dark » country. Voilà voilà… Amateurs de rythmiques enlevées et de soli cristallins, passez votre chemin. Ça sera sale, rêche, sec et froid ou ça ne sera pas…

La première approche d’ailleurs, est difficile, laborieuse, même. Faut dire que la tessiture vocale de Jack Newnham (qui pourrait faire penser à un vieux rabot oxydé s’acharnant sur un tesson de bouteille, en gros) n’aide pas à l’adhésion enthousiaste immédiate. Compter donc une petite poignée d’écoutes un peu difficiles pour se familiariser avec ce son bien dégueu et froid, et commencer à pénétrer les méandres vinyliques de cette production. Passée cette période d’acclimatation, l’originalité du combo commence à se faire jour. Originalité du son, d’abord, on l’aura compris : des vocaux qui écrasent tout de leur présence (Newnham ne crie pas, il ne hurle pas non plus : il beugle, non stop), un son de caisse claire sec comme un coup de trique, un son de guitare destroy et foutraque au possible (clair, fuzzé, des passages en harmonie étranges, arpèges en son clair… on trouve de tout en rayon), une basse saturée au-delà de ce qu’impose la décence dans le manuel illustré du parfait petit rythmiste… Vous le sentez forcément poindre à l’image de cette chronique pour le moins chaotique : les repères auditifs sont quelque peu chamboulés avec Old Man Lizard.

Ceci étant dit, le groupe ne manque pas d’intérêt (rappelons qu’ils ont gratifié de leur présence pas mal de festoches parmi les plus intéressants, et partagé la scène de Conan, Dopethrone, Honky, Dead Meadows et autres Black Rainbows…), et son disque compte des moments de bravoure plus qu’à son tour. Plus concrètement, certains titres se révèlent assez infectieux, entêtants (plus qu’addictifs). Chaque chanson a une identité propre, et on ne trouvera aucun bouche-trou. On mettra en avant pour la forme (et pour inciter à la découverte) le finalement assez représentatif « Cold Winter Blues », mais on incitera aussi les plus curieux à jeter une oreille attentive à la seconde moitié d’un « King Clone » assez surprenant, ou encore « Old Hag » qui commence par une sorte de blues rock folk crasseux pour finir en boue sludgesque poisseuse.

Old Man Lizard (le groupe et l’album) n’est pas facile d’accès. Il rebutera (autant vous prévenir) pas mal d’auditeurs avides de plaisirs simples et immédiats. Les plus tenaces apprécieront probablement ce qui les attendra au bout de ce tunnel musical difficile d’accès, sombre et humide. Pour autant, l’album ne restera pas dans la postérité dans une période de quelques mois touchés par la grâce du dieu stoner, où la production musicale a atteint des sommets qualitatifs. Il préfigure en revanche un potentiel qu’il nous intéresse de voir se développer dans les prochains mois et années. A suivre de près.

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