Fondé à San Francisco en 2006, le quatuor peut se targuer d’avoir rapidement franchi les frontières parfois étriquées de la scène stoner – ou plus précisément celles du revival des glorieuses seventies – pour acquérir une certaine notoriété (bien méritée). Cette notoriété fait qu’aujourd’hui certains qualifient des productions comme étant proches d’Orchid alors que – soyons un peu sérieux – ça ressemble à du Black Sabbath tout court. C’est à ce genre de petits détails que l’on différencie les trucs qui marchent auprès du grand public et ceux qui demeurent circonscrits à notre galaxie parfois si hermétique.
Bref, Orchid qui n’a sorti « que » deux réels longs formats depuis sa création peut s’appuyer sur une fanbase fort loyale qui met la main au porte-monnaie à chaque fois que la formation réédite une de ses productions sur une plaque de vinyle d’une nouvelle couleur et j’en sais quelque chose ! Je me permets tout de même de douter que ces artistes se tapent une vie de star grâce aux ventes de leurs prods… Pour en revenir à nos moutons noirs, les Ricains sortent cet été leur cinquième EP ; cela semble être leur stratégie et force est de constater que ça marche plutôt bien. Car outre les habituels inconditionnels de stoner, de plus en plus de vieux aficionados du hard rock des temps jadis se bousculent aux premiers rangs de leurs prestations si j’en crois les dernières performances du groupe auxquelles j’ai eu la chance d’assister. Ces récentes performances permirent par ailleurs à Orchid d’intégrer aux setlists la majorité des titres composant ce nouvel EP.
C’est donc sans réelle surprise que j’ai découvert les quatre plages au sommaire de « Sign Of The Witch ». Dans une version digitale peu prisée des mélomanes c’est certain puisque bien compressée, mais les addicts peuvent se tourner vers les nombreuses déclinaisons de cette pièce déjà disponibles en CD (je sais c’est pas très typé mélomane comme support), en dix pouces noir standard ou alors en – déjà – cinq couleurs de l’arc-en-ciel… La surprise – mauvaise – était sur ce coup à mettre au crédit de l’artwork typé 3D qui marque une claire régression lorsqu’on le compare à ses deux prédécesseurs que sont « Wizard Of War » et « Heretic » ; la réception des supports physiques achetés à vil prix par la suite m’a d’ailleurs confirmé cette impression qui m’avait vu quitter leurs stands de merch de la tournée bredouille (et sans regret). L’emballage ne faisant pas le produit, force est d’avouer que la continuité est présente en ce qui concerne le – bon – son.
« Helicopters », « John The Tiger », le titre éponyme ainsi que « Strange Winds » forment un tout très cohérent qui ne va pas déstabiliser les suiveurs de ces Américains du Nord : c’est du Orchid pur jus et c’est monstre bien. Des gros relents des années septante (comme on dit en Suisse) avec un renfort de tambourins balancés par le vocaliste Theo Mindell en live, des riffs aboutis soutenant les soli de Mark Thomas Baker l’unique guitariste de la formation (exercice plus difficile sur scène en ce qui concerne le titre « Sign Of The Witch » qui superpose les couches de six-cordes) ainsi que la batterie de Carter Kennedy qui envoie du gras aux côtés de la basse nickel de Keith Nickel sur les passages rapides de « Helicopters » – laquelle se rapproche de l’œuvre des défunts Hellacopters – ou se retire tout en douceur sur l’apaisé « Strange Winds ».
Au final, Orchid parvient une fois de plus à me combler sans me désorienter en livrant une plaque qui ne marquera pas son histoire, mais renforcera sa position de figure incontournable du renouveau du rock psychédélique ; l’épique « John The Tiger » illustrant à merveille ce renouveau dans la continuation.
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