Les poteaux disciples du borgne Néron ne se sont pas foutus le doigt dans l’œil en foutant le trio lyonnais en première partie de Monsieur Oliveri lors de sa venue dans la Capitale qui fout la Gaule. Bien que récemment débarqués sur la planète stoner, ces envahisseurs-là ont plus de points communs avec le style originel californien qu’avec les disciples de David Vincent.
Pratiquant un style que je qualifierai assez standard, les Lyonnais alignent, sur cet ovni, cinq titres ratissant assez large puisque l’ombre de Soundgarden n’est pas à des années lumières de « Psycho Jake » sur lequel Kim et Chris n’auraient pas rechigné à poser leurs grattes et le spectre de Josh est assez présent lorsque l’intro de « Bloody Road » retenti. Malheureusement, ce dernier étant le premier morceau proposé sur l’autoproduction, il pourrait être disqualifiant pour certains auditeurs. Que ceux-ci s’en affranchissent ! Les Français ont bien plus à proposer qu’un ersatz de robot rock à la QOTSA.
Cette soucoupe violente au son très live – et un peu sourd je le concède sur certains morceaux – contient trois titres de grande classe. Un brulot très abouti dans la veine du Dozer des grandes années : « Lined Coin » qui se déploie avec retenue autour d’un riff bien grailleux avec des incursions bien senties de grattes aux sonorités fifties dans la ligné de l’autre Vincent (Gégène) et des baisses d’intensité qui laissent au hurleur de la bande tout le loisir de poser sa voix dans le giron de la guitare. Ensuite il y a « Riot » et son intro lancinantes et très lourde qui, à l’image de certaines compos de Metallica (désolé), embraye la quatrième durant le refrain et ralenti durant des couplets où la superposition des voix rappelle avec délice le duo Layne/Jerry de l’enchaînée Alice.
Pour terminer, une plage de presque seize minutes vient transformer l’essai : « Desert In Bloom » (normal qu’avec un titre pareil ça me botte). Débutant en toute quiétude avec un ampli guitare à la reverb poussé au max et un champ certain pour les parties vocales, ce titre gagne en couilles sans nous faire le coup du calme bourrin enchaîné sans queue ni tête. C’est du délire, ça évolue, ça prend de l’épaisseur, ça fait travailler les cervicales et surtout ça trotte dans la tête bien après que la galette soit retournée dans l’écrin de toute beauté fomenté par notre pote Jo Riou. Ce titre à lui seul vaut l’investissement dans cette sortie aussi dispo en téléchargement légal (quoi il y a du téléchargement illégal ???).
En ponctuant cet acte de si belle manière, Nicolas (chant et guitare), Guillaume (basse et chant) ainsi que Sébastien (batterie et pas de chant) contribuent de belle manière à l’édifice francophone du stoner qui a plutôt de la gueule et certainement plus à rougir lorsqu’on le compare à son homologue scandinave. Bravo les gars et revenez rapidement avec une production novatrice de ce tonneau qui a infiniment plus de saveur et d’épaisseur que le beaujolpif nouveau.
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