Inquiétant, ce disque l’est au moins pour deux raisons. Le visuel tout d’abord. Une photo floue, un mec de dos, des arbres, une rivière. Ça sent le serial killer en goguette flânant sur les lieux du crime. La musique ensuite. Cela démarre par un morceau intitulé « Bliss » (« Béatitude » en français). Soit un ampli produisant un vrombissement de plus de quatre minutes. Terrible ! En plein dans le trip Nightstick, Sunn O))) ou Boris. Ce groupe utilise manifestement tous les moyens pour rebuter l’auditeur lambda. On poursuit avec le titre (je traduis) « Oui, je fabrique mes propres vêtements ». Et le même auditeur de se marrer. Ces angliches sont drôles. Enfin pas vraiment. Parce que si l’on prête attention à la musique qui accompagne ce titre, on se trouve violemment projeté dans des climats misérabilistes et dépressifs à la Grief. Rythmes ultra lents et dépouillés à l’extrême. Cris hurlés ! Souffrance magnifique. Humaine, trop humaine. Ça s’emballe sur le troisième titre (je traduis) « Bar étudiant église de la Sainte Trinité ». Pince sans rire avec ça. Délicieusement british ! Jeu de voix. Alternance de cris et de hurlements d’outre-tombe. Ambiances malsaines et tordues à la Today Is The Day. Puis subitement, basculement vers un passage emo-pop du meilleur effet. Déroutant est probablement l’adjectif qui caractérise le mieux ce disque. Alliance réussie entre angoisse musicale et rigolade littéraire. Croisement d’un sludge vicelard et poisseux et d’une pop-folk ténébro-décalée. Pale Horse invente un genre. Et quel son ! Chapeau les gars. Mais n’écoutez jamais ce disque sans avoir le livret à proximité, où il vous en coûtera.
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