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Pearls and Brass – The Indian Tower

Amis du 4/4 bien carré et des rythmiques binaires, passez votre chemin, cet album n’est pas pour vous ! Alors que Pearls and Brass nous avait offert un premier album éponyme des plus sympathique emprunt d’effluves southern-rock bien digérées, ces trois petits gars de la campagne profonde reviennent bousculer nos certitudes avec cet « Indian Tower » difficilement cernable au premier abord.
Les enchaînements couplet-refrain-couplet-solo-, Pearls and Brass s’en fout comme de sa première chemise canadienne. Pour eux, il n’existe qu’une seule règle valable, ne respectez aucune règle. Ce qui pourrait servir de prétexte aux musiciens médiocres prend une toute autre dimension quand il s’agit de virtuoses. Et nous sommes bien ici en présence de virtuoses. Josh Martin, batteur halluciné, frappe sur tout ce qui bouge avec une prédilection pour les contre-temps et les cassures de rythme, suivi en cela par Randy Huth dont le jeu de guitare s’apparente plus à un solo permanent qu’à une suite de riffs recyclés. Difficile ici de se raccrocher à une mélodie, à peine commence-t-on à voir où ces doux cinglés veulent en venir qu’ils sont déjà ailleurs, emportés par leurs délires rythmiques. Admettons-le, le procédé déroute au début. On sent bien qu’on a affaire à quelque chose d’unique mais on ne parvient pas vraiment à assimiler la masse d’informations qui déferlent sur nos pauvres oreilles, toutes habituées qu’elles sont à entendre du groove cousu de fil blanc. Derrière l’apparente absence de structure se cache une complexité de la composition et des arrangements qui ne se révèlent qu’après plusieurs écoutes attentives, faisant de « The Indian Tower » l’exemple parfait d’album qu’on peut réécouter cent fois tout en y découvrant toujours de nouveaux éléments. Le titre acoustique « I Learn The Hard Way” placé judicieusement en milieu d’album permet d’éviter l’indigestion et ce n’est que lors de rares passages plus disciplinés qu’on percoit les influences blues revendiquées par le groupe. On sent également l’empreinte inévitable de quelques pointures du boogie-southern-rock tels que Grand Funk Railroad ou Lynyrd Skynyrd qu’on aurait laissé une heure dans une centrifugeuse avant de les pousser, vacillants, sur scène.
Petit conseil aux auditeurs potentiels : évitez cet album les matins de gueule-de-bois, vous risqueriez de devenir accro à l’aspirine.

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