En rentrant du boulot, je suis toujours un peu sur les genoux, je fais à moitié la gueule et j’ai faim. Ça donne envie hein ? Mais certaines fois en arrivant je découvre un disque pré-commandé depuis un ou deux mois, dans ces cas là, c’est la fête ! Je retrouve le sourire, la banane et j’ai la pêche (non je ne bosse pas dans les fruits et légumes…). Si en plus une fois déballé je m’aperçois qu’il s’agit du nouveau Pontiak, “Innocence” donc, là j’en peux plus, j’exulte de joie (oui j’en fais des tonnes, c’est vrai).
Bon une fois déballé, je trouve la pochette un peu fade. Mais c’est pas ça qui va me calmer. On a donc 9 étoiles noires dont deux sont maculées de rouge sur fond blanc cassé, c’est pas folichon mais tant pis. Bon ça sent la symbolique tout ça. Moi ça me dépasse, je suis pas ‘ricain.
Passons aux choses sérieuses : je pose le disque sur la platine. Bing ! Ça démarre sur les chapeaux de roue, ding ding ding ding nous dit madame la ride et en avant, vive la fuzz et le gros riff à l’ancienne. On pense tout de suite à Black Sab période Sabotage, La voix bien typée 70 (comme le reste d’ailleurs) continue d’évoquer Pink floyd (en même temps il faudrait que le groupe change de chanteur pour qu’on pense à un autre groupe!). Voila, vous êtes fixés : années 70, Pink Floyd qui copule avec Black Sabbath. J’ai fait le tour.
Ok, je vais détailler un peu plus parce que c’est quand même réducteur et peu flatteur de s’arrêter aux comparaisons. Surtout que Pontiak fait ça drôlement bien et depuis un moment. Neuf sorties chez Thrill Jockey en comptant les EP et les collaborations. C’est quand même pas rien, les frangins Carney n’ont pas l’air feignant !
Ce disque s’adresse donc aux adeptes de rock indé, de zick psyché/hippie, de gros rock et donc bien entendu à ceux qui aiment le stoner.
Pour revenir sur mes comparaisons, il faut quand même ajouter qu’avec cet album on pense beaucoup moins à Pink floyd que sur les précédents, il y a toujours 2-3 plans/solo de gratte ou ligne de voix qui font qu’on s’y replonge mais dans l’ensemble l’album est beaucoup plus sombre et tourné vers le coté « hard rock » des 70. Le son de gratte quand la fuzz est enclenchée est un des plus gras et saturé que j’ai entendu dans ce style, bien défini mais sale comme c’est pas permis. J’aime quand c’est degueu, ça tombe bien !
A ce propos, tout l’enregistrement est comme ça, du genre :
Arrivé au studio,
1/ on monte le matos
2/ on place les micros
3/ on règle les niveaux
4/ tout est dans le rouge on peut enregistrer.
Ça donne ce coté bien roots et à l’arrache qu’on trouve sur les vieux AC/DC et compagnie, le charley et les toms qui saturent sur les passages énervés. Attention, ça a sans aucun doute été fait dans un studio analogique donc la satu sur les instruments où on ne s’y attend pas (plus?) est belle et agréable à entendre. Je trouve ça classe aujourd’hui où tout est super propre et retouché 15 fois !
Là dessus il y a cette voix traînante, planante et pas toujours juste qui se ballade et nous emmène faire un tour en Angleterre (bizarre pour des gars de Virginie). Les mélodies sont comme à l’accoutumée très mélodiques et inspirées et apportent de la légèreté à l’ensemble. Petit bémol, la voix est tellement typée qu’au départ on peut lui reprocher d’amener un coté un peu répétitif. Ça passe rapidement et ça fait partie du charme du trio.
Comme souvent avec ce genre de groupe, il vaut mieux éviter de vouloir se faire une idée avec un morceau pris au hasard, l’album forme un tout. Tirés du contexte les morceaux ne font pas mouche alors que le disque tiens vraiment bien la route (haha, Pontiak tient la route, j’ai réussi à le placer !). Lors des premières écoutes j’ai trouvé qu’il y avait un petit essoufflement sur la fin de l’album, mais depuis la troisième ou quatrième fois j’ai du mal à y déceler un point faible.
Voilà c’est l’heure des adieux. Un conseil sur la façon de découvrir “Innocence” ?
OK : rendez-vous dans un champ, n’importe lequel du moment qu’il y a de l’herbe, des pâquerettes, des arbres et du calme. Se mettre un bandeau rouge autour de la tête, un patch Led Zep sur la veste et envoyer la sauce.
Si au bout du troisième morceau vous êtes entouré de beatnik faudra pas trop s’étonner, ça fait toujours ça.
P.S. : J’ai sans doute abusé des champis qui poussent sous les bouses de vache mais la batterie enregistrée à l’envers sur le morceau “Shining”, ben je trouve ça cool… saleté de hippies, c’est contagieux !
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