Gang : def : groupe d’individus partageant une culture et des valeurs communes, engendrées par leur association et le milieu social et urbain où ils vivent.
Déniché par Totem Cat Records puis subtilisé (un peu salement il est vrai) par Riding Easy, le gang (cf. définition) de Portland sort son troisième album, traçant, publication après publication, la petite histoire de leur street doom. Le street doom. Un genre dont ils sont les rois, puisque seuls sur le créneau. Pour résumer grossièrement le concept (“grossièrement” étant un mot parfait pour décrire R.I.P.) : le street doom consiste à suivre la voie ouverte pas Saint Vitus (attitude et rythmiques punk sur fondamentaux Sabbathiens) et de faire du doom (que R.I.P. a déclaré mort dès sa première démo en 2015) une musique de ruelles sombres. L’esthétique hip-hop, mélangée à une iconographie BDSM, avec tout ce qu’il faut de grand guignol et de Lucha Libre, voilà le ticket d’entrée de l’univers de Fuzz et de ses sbires. Et en deux albums R.I.P. aura divisé le monde en trois catégories : ceux qui les adulent, ceux qui les détestent et ceux qui s’en foutent royalement. Cette dernière catégorie étant bien évidemment de loin la plus fournie.
De retour de leur première tournée européenne (vous vous souvenez des concerts ? Quand on se retrouvait pour écouter de la musique en live ?) aussi jouissive que chaotique, le groupe se paye le luxe d’enregistrer avec Billy Anderson, et Dead End de prendre alors quelques pourtours d’album ambitieux. Et soyons clair, l’ambition est l’ennemi juré du second degré. Mais R.I.P. est un groupe malin. Derrière l’intro rappelant les ambiances de John Carpenter (dixit la bio), et les quelques moments de grandiloquence, l’essentiel est préservé. Cet album est complètement stupide. Délicieusement bête. 33 minutes de crétinerie, la faux au vent, avec pas moins de quatre fois le mot « Dead » dans les titres de ses 10 chansons. Le son est sale, l’ambiance décrépie et l’album rajoute pas moins de deux hits à la galerie des horreurs du groupe : « Dead End » et « Judgement Night » (et son solo qui convoque tant de choses). Bien sûr la tentative de mid tempo chanté de « Dead of The Night » est à prendre au millième degrés, bien sûr personne n’a l’intention de décerner au groupe un grammy pour avoir utilisé la suite de Fibonacci dans la structure d’un morceau (Fibonacci, c’était pas lui qui tenait la pizzeria à l’angle de Hawthorne et la 8ème ?) mais quel pied quand même ! Des riffs comme s’il en pleuvait, nu sur des galets, des cavalcades vulgaires et des refrains le poing américain en l’air, ou sur le nez du voisin, R.I.P. a encore réussi l’exploit de transformer de potentielles caries en dents en or. Respect gros, respect.
Point vinyle :
Un peu plus de mille vinyles pour le premier pressage de RIP. Du splatter à 100 exemplaires, du noir, du rouge et du blanc à 300 exemplaires à chaque fois. Le plus compliqué étant toujours de faire avec les frais de ports prohibitifs venant des USA. Reste à fureter du côté de vos courageux disquaires ou de regarder du côté de Clearspot (NL) ou Kozmik Artifactz (DE), habituels dealeurs de Riding Easy en Europe. Parce qu’une pochette pareille, ça vaut bien un vinyle.
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