Il faudra un jour se pencher sérieusement sur Portland et sa scène, inondant chaque année le metal – et le stoner/doom en particulier – de nombreuses formations, toutes meilleures les unes que les autres. Et au milieu de cette prolifération de fuzz, R.I.P., dont le premier album, déniché par Totem Cat Records, avait su retenir de nombreuses attentions en 2016. Avec leur esprit heavy doom bas du front et un second degré à toute épreuve, le quatuor a enchanté les connaisseurs et ressorti son album, In The Wind, chez Riding Easy dans la foulée. Et c’est sur ce même label que sort le second disque du groupe. Toujours porté par leur philosophie Street Doom, et par un chanteur – Fuzz – dont le micro est vissé à une faux ( !!), R.I.P. braille à qui veut l’entendre qu’il n’y a rien de sérieux dans le fait de tronçonner du Sabbath en veste à patch en 2017. Ni rien de plus jouissif non plus d’ailleurs. R I.P. se permet alors d’emprunter quelques versets légendaires à Candlemass (« Unmarked Grave »), de passer un riff d’Electric Wizard à la gégéne (« Mother Road ») ou même de faire un tube imparable, avec un riff à la Pentagram et quelques touches de cow bell en sortie de refrain (« Street Reaper »). Couillu. L’album aurait pu (dû) être un poil plus court, histoire de rester dans l’urgence, mais se pare en face B de nombreuses autres raisons de s’enthousiasmer, comme sur « The Dark » et son emprunt appelé à devenir légendaire, ou quelques autres solides morceaux sur lesquels l’influence de Bobby Liebling et son gang est toujours aussi flagrante (« Shadows Folds », « Brimstone » etc.). Et puis merde, si tout cela ne suffit pas à vous convaincre : trouvez moi meilleure pochette sur l’ensemble des productions de l’année !
Alors oui, il restera toujours des coincés du patch pour pinailler sur l’aspect putassier du disque, ou pour clamer que la musique est une affaire hautement sérieuse ne tolérant pas autant de décontraction. Mais pour les gens qui ne cherchent qu’à se faire du bien, Street Reaper est un chouette buvard sonore à laisser fondre sous la langue. Alors enfilez votre plus beau jersey, collez vous dans votre salon sur une chaise de jardin, les pieds sur la glacière et savourez. Ou allez vous faire voir ailleurs.
Point Vinyle :
Riding Easy c’est un peu le paradis du geek à platine, proposant Test Press, puis versions Die Hard (en clear avec un 7’ en bonus. 100 exemplaires, 25 à l’effigie de chaque musicien), et bien sûr des versions plus classiques : 200 en gold, 400 en white, une version green (je n’ai pas trouvé le nombre), et le pressage black habituel. De quoi nous en faire voir de toutes les couleurs.
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