Après le feu de Let it burn sortie en février 2017, REZN est revenu cet automne dernier avec un opus intitulé Calm Black Water. Un titre de choix qui pourrait suggérer une invitation au repos, au caractère apaisant de l’eau et à sa douceur maternelle. Toutefois, comme le dit l’adage, il faut se méfier de l’eau qui dort. Car sous cette surface en apparence paisible, se tapit une vraie bête. On salue par conséquent le choix du fanart réalisé par Allyson Medeiros qui, fait assez rare pour être souligné, évoque on ne peut mieux cette dichotomie palpable tout le long de l’album.
En effet, à mesure que l’on progresse dans l’écoute de Calm black Water, on remarque que deux entités se livrent bataille. La première arbore des traits affables, doux, et une certaine sérénité ; son rejeton le plus pertinent restant « Mirrored Mirage », tandis que sa jumelle se révèle prédatrice, sauvage, pleine de violence. D’un côté, les habiles phrasés hypnotiques, les cymbales discrètes, les effets envoûtants au clavier semblables à des bois venus d’ailleurs ; le tout visant à abaisser notre vigilance. De l’autre, la puissance de musculeux riffs et d’une batterie massive. Ainsi, lorsque le monstre déchire la mer pour nous hurler son doom cosmique dans les oreilles, la digue se rompt et nous en frissonnons de plaisir.
« Iceberg » nous ouvre le bal de cette manière. Puis, fendant les eaux tumultueuses pour s’élever vers des cieux inatteignables, la voix du prophète Rob McWilliams survient. Un chant si métallique, si aérien, qu’il semble surgir d’un autre monde. Lorsqu’il se pose sur les riffs dévastateurs de « Quatum Being » ou d’« High Tide », le contraste évoque une créature mystique à la fragile silhouette dorée, juchée sur un cerbère en rage qui crache des flammes noires. Et ce contraste à l’équilibre parfaitement maîtrisé, ce rythme finalement, servira la cause de l’album tout du long.
Nous avions remarqué le gros travail effectué sur l’ambiance dans le premier opus, et il semblerait que celui-ci s’inscrive dans la continuité. Et puisqu’on parle de continuité, mentionnons que les six pistes constituant Calm Black Water s’enchaînent comme un seul et même morceau. Lors d’une écoute distraite, vous ne remarquerez sans doute jamais les transitions et aboutirez à la fin de l’album sans même vous en rendre compte. Une pérennité qui renforce encore un peu plus l’immersion dans cet univers sombre et froid.
Alors que Let It Burn paraissait s’essouffler après quelques pistes, ce nouveau bébé se révèle plus équilibré. Un travail muri donc pour le quatuor de Chicago qui réussit le pari de produire une deuxième galette de qualité encore supérieure. Amateur de gros doom bien membré avec un petit quelque chose d’authentique en plus, ne passez pas à côté de cette pépite.
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