Parler de « classic rock » pour décrire le nouvel opus de Rival Sons semble la meilleure manière d’aborder cette toute récente livraison. Quand bien même il s’agirait là de la moins proche de notre ligne esthétique. Néanmoins les gonzes font référence pour nombre d’entre nous et il serait dommage de passer à côté de ce « Feral Roots » emprunt de classe et de classicisme.
Et de partir sur cette guitare si singulière, cette amoureuse de l’octaver à la limite du synthétique, posant jalons et riffs comme autant de marqueurs nécessaires. Il faut l’avouer les premiers morceaux ne soulèvent pas un excessif enthousiasme tant on navigue en territoire connu et labouré par le combo. Classique donc, exécuté avec classe et une technique au-delà de la masse certes mais sans surprises.
Il faut attendre « Look away » et son intro acoustique pour sentir un propos plus mature, une envie d’aller plus loin dans la recherche de l’essence même de Rival Sons. Et la maîtrise de ces instants mélancoliques accentue les breaks plus sauvages, amusante ironie que de clamer son envie de regarder ailleurs tout en puisant dans l’americana la plus intime. Mais d’une évidence sans faille. C’est nos racines qui donnent une assise pour mieux avancer et le combo d’insérer le titre éponyme « Feral Roots » juste après. Logique.
Alors oui, s’il ne soulève pas les envies les plus sauvages, l’album des américains interpelle par son intelligence de mise en place, ses propos comme autant de frappes de caisse claire juste, à la précision cristalline. Et il n’est jamais aussi intéressant que quand il se fait mélancolique. On traverse donc certaines compos de l’album avec indifférence, des titres pas mauvais mais mille fois entendus. Un « Stood by me » par exemple refait tomber la pression et creuse cette bipolarité d’un album tantôt lumineux tantôt banal. Alors attention, nous sommes en présence de musiciens extrêmement talentueux, avec, peut-être la plus belle voix du rock actuellement mais c’est justement parce que le niveau est élevé que notre exigence se veut majeure.
Rival Sons souffle le chaud et le froid avec sa nouvelle livraison ce qui empêchera sûrement l’album de prétendre à une belle place dans leur discographie. Il serait néanmoins dommage de passer à côté de l’exercice tant le groupe excelle sur certains points et devient immense quand il est soucieux et angoissé. « Roots » assurément, mais tout de même loin d’être « Feral ». On a connu les mecs plus énervés mais la maturité, une fois assimilée, pourra être un sacré terreau pour les albums à venir.
« Feral Roots » s’entrevoit plus comme un opus de transition et on sera toujours curieux de poser une oreille sur les compositions de ce groupe à la classe indéniable.
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