Il y a des petits plaisirs égoïstes dans la vie, et recevoir la dernière production de Roadsaw en fait partie. Egoïstement, déjà, je suis content que leur reformation il y a quelques années (leur album précédent, en 2008) n’ait pas été éphémère. On a besoin de groupes comme Roadsaw dans le paysage parfois trop morne du rock d’aujourd’hui ! Groupe hautement décomplexé, le quartette de Boston se positionne en synthèse du meilleur du hard rock des deux dernières décennies (le groupe a 19 ans cette année), les effets de mode en moins. Gros hard rock, soli super fuzzés, riffs metal acérés, passages southern-rock grassouillets… Tout le monde y trouvera quelque chose à son goût ! Les esprits chagrins soupçonneront un manque de personnalité… On leur opposera le fait que depuis bientôt deux décennies le groupe trace sa route sur le même chemin, sans regarder sur les côtés, procurant bonheur auditif à assez de monde pour être un jour déclarés d’intérêt public !
La maturité du groupe s’affiche avant tout dans la qualité de leurs compositions : les titres défilent, et tous s’avèrent ciselés à la perfection pour s’immiscer et s’installer à long terme dans les subtiles connexions séparant les tympans du cerveau. Maîtrisant l’art difficile du mid-tempo heavy en diable (et pas trop chiants : allons, reconnaissez-le, c’est sur ces titres que vous appuyez généralement sur la touche “next track”, non ?), le groupe en balance une petite poignée superbement chiadés : à commencer par le lancinant “Dead and buried” au refrain hymnique, “Motel shoot out”, “Thinking of me”, “Song X”… Ils poussent même le vice jusqu’à ralentir un peu le tempo pour la pseudo-balade sur-fuzzée “Electric Heaven”, plutôt bien foutue. Mais le groupe excelle encore plus sur les brûlots plus rapides, des morceaux qui balancent bien, à l’image du rageur “Weight in gold” (refrain sur-heavy), du bien groovy “So low down”, de “The getaway” ou du furieux “Too much is not enough” qui rue dans les brancards sans prévenir. Le chant de Craig Riggs, puissant, polyvalent, sans faille, complète à la perfection le travail remarquable de Ian Ross à la 6-cordes (un seul guitariste qui fait tout ce boucan tout seul, ça mérite d’être vu en live !!).
Bref, bien à l’aise dans ses bottes, Roadsaw a encore commis un excellent disque avec cet album éponyme de belle tenue. Pas le meilleur disque de la décennie, mais un qui vous fera passer du bon temps devant vos haut-parleurs. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà beaucoup par les temps qui courent !
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