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Rocky’s Pride & Joy – All the Colours of Darkness

Tandis qu’il est de bon ton de critiquer l’hégémonie d’une poignée de labels sur notre « scène » musicale de prédilection, il convient de se pencher autant que possible sur les plus petits labels, moins exposés, qui mènent un travail de qualité, avec intégrité et (souvent) bon goût. Vous savez qu’on essaye souvent ici de vous faire découvrir des productions méritantes qui ne bénéficient pas des mêmes moyens de distribution/promotion, et ce disque en fait partie. Label italien enthousiaste au goût généralement sûr, Electric Valley nous permet aujourd’hui de découvrir ce jeune trio prometteur de doomsters australiens – une espèce endémique somme toute assez rare.

L’album se veut rassurant en premier lieu, cochant toutes les cases l’associant à ce genre musical parfois dévoyé. Respect, intégrité et sérieux. On se retrouve inéluctablement devant une galette de bon doom de référence : tempi impeccables (lents, mais jamais trop), son absolument parfait (une prod délicieuse pour une belle osmose basse/guitare, avec un somptueux dosage saturation/fuzz) et des riffs et lignes rythmiques mélodiques énormes. Rajoutez à la mixture une batterie tout en maîtrise et un chant distant, nasillard et subtilement éraillé (on pensera ici ou là aux échos d’un Kevin Starrs avec les mêmes sonorités hantées qu’Uncle Acid parfois), et, globalement, les ingrédients de base sont tous au rendez-vous pour une recette qui a toutes les chances de bien fonctionner.

Et c’est bien le cas chez l’aficionado de doom qui goûtera avec bonheur cette rasade parfaitement proportionnée (huit vrais titres, 40 minutes) d’un stoner doom d’école, quelque part entre la nonchalance d’Acid King, l’occultisme modéré d’Electic Wizard et l’efficacité d’écriture des premiers Monolord.

Pas de point faible sur ce disque (même la bluette acoustique « Lucifer’s Lullaby » est efficace) qui enchaîne les petites perles doomy charnues et catchy. Point culminant du disque, l’enchaînement final « Your Hell » / « Pure Evil » (au-delà du champ sémantique évident qui les lie) propose pour commencer un mid-tempo groovy absolument entêtant dégoulinant de fuzz, enchaîné à une pièce d’un classicisme désarmant, où les plans calmes presque bluesy sont contrebalancés par un refrain insidieusement malsain ultra efficace, le tout porté par un riff unique tout du long.

Bref, un premier LP remarquable pour un jeune groupe qui, s’il ne cherche pas à convaincre par son esprit révolutionnaire, séduit par ses compos aguicheuses.

 


 

Note de Desert-Rock
   (8/10)

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