Deuxième découverte australienne de la saison. Et de taille. A l’écoute de ce disque on est en droit de se demander si le diable de Tasmanie n’a pas émigré dans le Queensland pour transmettre un virus à ce groupe qui vient d’accoucher là d’un des plus beaux opus parvenu à mes oreilles en ce premier semestre 2000. Une hypothèse pas si farfelue que ça dans la mesure où les quatre gaillards(es ?) nous cachent soigneusement leurs visages. Eugénisme en Australie. On nous cache des choses. Ces mecs là rockent comme des diables. Ça commence avec « Jonothan E ». Pattern de batterie à la « I love rock’n’roll » de Joan Jett avant d’embrayer sur du pur groove rock, gras à souhait, qui trace comme le Roadrunner à travers le désert. Mené par une voix superbe, fière et légèrement éraillée, un peu à la Mad Max 1 debout sur sa moto fonçant sur les méchants, on embraye sur le titre phare « Lost in space ». Le climat s’est apaisé. Intro basse-batterie un peu new wave à la KTB, voix susurrée. La guitare arrive par derrière et c’est reparti. Une opale noire de Coober Pedy. La plus belle qui en ait jamais été extraite à ce jour. 3’23 de pur bonheur. Du rock gorgé d’un groove nonchalant implacable. Un refrain appuyé par des chœurs d’une limpidité à se chier dessus comme disait le capitaine Cook. Pour entendre ne serait-ce qu’un seul morceau de cette trempe, je traverserais l’outback à pied habillé d’une laine polaire et de bottes en caoutchouc. On change encore de direction pour « Dragon », très southern rock un peu dans l’esprit des ATP et de Pothead. De celui qu’on doit produire dans le Kimberley (dans l’hémisphère sud, tout est inversé et le southern rock est semble-t-il produit dans le nord). On ne change pas fondamentalement d’esprit pour « Eye of the storm », qui lui remonte encore davantage vers le nord et Darwin, ville totalement dévastée par un cyclone en 74. La tension s’apaise momentanément pour « Lowly sublime » qui porte bien son nom. On revient tout doucement vers la Gold Coast et ses plages de sable fin. Un harmonica discret amorce discrètement l’orientation blues rock que va prendre « Lake of life ». Long morceau de plus de dix minutes qui vous conduit d’un voyage en hélicoptère à un autre en hydroglisseur. Quelques secondes de silence et vous revoilà glissant dans les airs à l’aide d’une aile delta au dessus d’Uluru. Puis ça y est, le ciel vous aspire toujours plus haut. Vous venez de violer un espace sacré. Punition. Riffs en fer sur les doigts. Je ne sais pas si les aborigènes ont rêvé ce disque, en tout cas, il offre un voyage magnifique à travers l’Australie septentrionale. Je réserve un billet pour le prochain vol.
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